Mauritanie. Présidentielle: l'opposition conteste la composition de la commission électorale

Le 04/04/2019 à 11h27, mis à jour le 04/04/2019 à 11h33

L'opposition conteste la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), à moins de 3 mois d'un scrutin présidentiel prévu en Mauritanie au mois de juin 2019. Ces partis demandent que les membres de la CENI soient changés.

La composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), institution chargée de superviser et veiller à la régularité des opérations électorales en Mauritanie, fait l’objet d’une vive contestation de la part de l’Alliance électorale de l’opposition démocratique (AEOD).

La CENI est articulée autour d’un Comité directeur (CD) de 11 membres, placé sous la présidence de Mohamed Vall ould Bellal, ancien chef de la diplomatie mauritanienne sous le régime du président Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya.

Une délégation de l'opposition a rencontré une première fois le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, Ahmedou ould Abdallah, voici quelques semaines et lui a exprimé ses préoccupations à ce sujet. 

Une entrevue au cours de laquelle le responsable gouvernemental a pris note d'une série de critiques émises par cette délégation, parmi lesquelles, entre autres, une demande de refonte de la composition de la CENI et qu'un audit soit effectué sur le fichier électoral.

Ces mesures sont de nature à restaurer la confiance et à apaiser le climat politique.

A la faveur d’une deuxième audience, organisée le mardi 2 avril dernier, le ministre a informé les émissaires de l’opposition de la possibilité d’ajouter deux personnalités censées représenter l'opposition au sein du Comité directeur de la CENI, ce qui porterait le total de ses membres à 13 personnes. 

Exprimant la position de l'opposition il y a quelques jours, Mohamed ould Maouloud, candidat investi par l’Union des Forces de Progrès (UFP) à la présidentielle de 2019, a affirmé que «sans exception aucune, tous les membres du Comité directeur de la CENI soutiennent la candidature de Mohamed Cheikh Ahmed dit Ghazouani», général à la retraite, ancien ministre de la Défense et grand favori des partis de la majorité à la succession du président Mohamed ould Abdel Aziz, constitutionnellement limité à deux mandats successifs. 

Dans ces conditions, des interrogations subsistent sur le bien-fondé de cette démarche, qui ressemble fort à un rafistolage, consistant à greffer deux représentants de l’Alliance électorale de l’opposition démocratique (AEOD) à l’actuelle CENI.

Cette proposition sera-t-elle acceptée? Quelles sont ses chances de corriger le déséquilibre actuel?

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a été instaurée en avril 2018, pour un mandat de 5 ans, avec des membres issus des formations de la majorité et d’une partie de l’opposition, dite modérée, ayant pris part à un dialogue organisé en septembre/octobre 2016.

Entre-temps, plusieurs membres de cette opposition ont rallié la majorité en 2018. 

L’opposition avait alors introduit un recours contre la composition de la CENI devant la Cour suprême, quelques mois avant les élections législatives, régionales et locales de septembre 2018 et avait été déboutée par la plus haute juridiction de Mauritanie. 

Rappelons que jusqu'à présent, cinq candidats se sont officiellement déclarés pour la présidentielle de 2019: Mohamed Cheikh Ahmed dit Ghazouani, ex-chef d’état-major général des armées, Biram Dah ould Abeid, leader anti-esclavagiste et président de l'IRA, Sidi Mohamed ould Boubacar, ancien Premier ministre, Mohamed ould Maououd, leader de l’Union des Forces du Progrès (UFP), un parti de l'opposition historique de Mauritanie, et Khaled Bouya Abass, un entrepreneur.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 04/04/2019 à 11h27, mis à jour le 04/04/2019 à 11h33