Le Premier ministre Ismaël ould Bedde ould Cheikh Sidya vient de passer l'épreuve de son premier grand oral devant les députés.
Cette Déclaration de politique générale (DPG) a été avant tout dominée par le volet politique, avec cet engagement de l’exécutif à créer les conditions d’un dialogue national, les questions sociales axées sur la promesse d’amélioration de prestations dans les domaines de la santé et de l’éducation, et l’incontournable question de la sécurité.
La DPG engage ainsi le gouvernement dans «l’instauration d’un climat politique apaisé, à travers le dialogue et la concertation permanente avec tous les partis, toutes les forces politiques et la société civile sur les questions d’intérêt nationale».
Par ailleurs, «le gouvernement mettra à la disposition de toutes les institutions constitutionnelles l’ensemble des moyens nécessaires à l’accomplissement de la mission qui leur est dévolue dans de bonnes conditions. Dans cette optique, nous allons réorganiser la Cour des comptes et renforcer la professionnalisation de ses magistrats, afin qu’elle puisse accompagner le parlement dans son rôle de contrôle de l’action gouvernementale et de moralisation de la vie publique», a expliqué le Premier ministre.
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En ce qui concerne le domaine de la justice, source de toutes les critiques au cours de ces dernières années, Ismaël ould Bedde ould Cheikh Sidya a souligné que le gouvernement mauritanien «veillera également à rendre effective l’indépendance de la justice, base de l’Etat de droit, en renforçant les compétences techniques des magistrats et des auxiliaires de justice, dans le cadre d’un plan de formation et de perfectionnement du personnel, tout en mettant l’accent sur la spécialisation. Dans le même ordre d’idées, l’organisation judiciaire sera révisée et l’assistance judiciaire adaptée et opérationnalisée. Un nouveau dispositifrelatif à l’administration pénitentiaire sera mis en place. Dans ce cadre, un corps de fonctionnaires dédié à la surveillance des établissements destinés à servir de lieux de détention sera créé, avec un personnel recruté et formé à cet effet».
De même, le Premier ministre a annoncé la mise sur pied d’un Etablissement National de Réhabilitation et de Rééducation (ENRR), disposant d’antennes dans toutes les régions.
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Ismaël ould Bedde ould Cheikh Sidya a aussi rappelé les grandes lignes du projet de société du président Mohamed ould Cheikh El Ghazouani, élu le 22 juin 2019, visant «à asseoir les bases d’un Etat moderne, occupant pleinement sa place dans le concert des nations, tout en gardant à notre société ses spécificités culturelles enracinées dans les nobles valeurs de l’Islam, qui fondent le socle de notre unité et de notre cohésion sociale. Un Etat ou la justice, l’égalité, la fraternité, la citoyenneté ne sont pas de simples concepts, mais des valeurs fondatrices».
En matière de défense «le gouvernement s’attelera à traduire dans les faits la priorité accordée par le président de la République à la préservation de l’intégrité du territoire national, à la protection de nos citoyens, ainsi qu’à la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes. Dans cette perspective, nous allons renforcer les acquis des dernières années en matière de modernisation et de professionnalisation des forces armées et de sécurité, dont les sacrifices au service du pays, en font une grande fierté pour tous les mauritaniens. Nous mettrons à leur disposition les moyens humains et matériels nécessaires à l’amélioration de leur performance et à la consolidation de leur niveau d’opérationnalité».
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A la lecture de cette déclaration, certains leaders de l’opposition notent un changement par rapport à «la rhétorique extrémiste et radicale», sous le régime de Mohamed ould Abdel Aziz.
Selon l'un d'entre eux, s'il s'agit là d'une première sous l’ère d’un nouveau pouvoir, ce discours est resté timide, «pour n’avoir pas été replacé dans le contexte d’une crise politique persistante depuis plus de 10 ans».
Ce même leader déplore en outre le fait que des questions aussi cruciales que l’esclavage et le traitement de la question relative à la communauté négroafricaine par les pouvoirs publics, aient été quasiment absents de cette Déclaration de politique générale exposée par Ismaël ould Bedde ould Cheikh Sidya.