Mauritanie. L’opposant Maouloud chez Ghazouani: voici ce qu’il lui a dit

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Le 21/09/2019 à 07h16, mis à jour le 21/09/2019 à 16h51

Le président Mohamed ould Cheikh El Ghazouani a initié une série de rencontres avec les grandes figures de l’opposition mauritanienne. Il a donc reçu Mohamed ould Maouloud, leader de l’Union des Forces de Progrès. Voici ce que cet opposant historique a dit au président mauritanien.

Lors de cette série d'entretiens, le locataire du palais de la République a reçu en audience, mardi dernier, Mohamed ould Maouloud, leader de l’Union des Forces du Progrès (UFP), candidat malheureux de la Coalition des Forces du changement démocratique (CFCD) lors du scrutin présidentiel du 22 juin 2019. 

Mohamed ould Maouloud est revenu, devant les médias, sur les sujets abordés au cours de cette rencontre avec le président mauritanien, à l’occasion d’un point de presse organisé à Nouakchott mercredi 18 septembre. 

D'emblée, cette figure de l'opposition mauritanienne a indiqué que cette audience était une initiative du président Ghazouani, dans le but de recueillir son avis sur la marche du pays.

Mohamed ould Maouloud a donc décrit, devant le chef de l’Etat, les défis auxquels sont, selon lui, confrontée la Mauritanie.

«La question sociale, les tensions communautaires et les convoitises extérieures et intérieures pouvant naître de la découverte récente de nouvelles ressources gazières et pétrolières. Toutes ces questions nécessitent un consensus républicain dont les conditions ne peuvent être créées que par un dialogue national inclusif, qui pourrait par exemple ressembler au format des Journées nationales de concertation organisées en octobre 2005», a-t-il ainsi expliqué au président. 

Il faut dire qu'en Mauritanie, la concertation avec des membres de l'opposition n'est pas une idée neuve. Dès octobre 2005, le pouvoir alors en place, Conseil National pour la Justice et la Démocratie (CMJD), dirigé par feu le colonel Ely ould Mohamed Vall (2005-2007), avait organisé des Journées Nationales de Concertations (JNC), 

Cette réunion d'envergure avait alors impliqué la classe politique, la société civile et toutes les forces vives du pays, dans le but de discuter de toutes les questions politiques, économiques, sociales, culturelles qui agitent le pays. 

En évoquant l’idée d’un nouveau dialogue politique, le leader de l’UFP a rappelé le format qu'avait pris des JNC de 2005.

Il s’agit d’un évènement inédit dans le contexte d’un pays traînant un énorme déficit dans le domaine de la culture du dialogue, plutôt habitué à la culture du rapport de forces, avec l’armée au cœur du jeu politique depuis plus de 42 ans, a également expliqué Mohamed ould Maouloud au cours de cette conférence de presse. 

Par ailleurs, parmi les préoccupations de cet opposant, figure également «la situation du monde rural, avec des agriculteurs et éleveurs confrontés à un mauvais hivernage, dont les conséquences catastrophiques pourraient se faire sentir dès le mois de décembre 2019, donc bien avant la période habituelle de soudure».

Devant les journalistes, Mohamed ould Maouloud a également révélé avoir abordé avec le chef de l’Etat une affaire qui occupe actuellement les conversations à Nouakchott, suscitant l’indignation au sein de la mouvance négro-africaine, soit «le recrutement récent par l’armée nationale de 47 élèves officiers, tous issus d’une seule composante nationale» de la Mauritanie. 

Il s'agissait là de la première rencontre entre Mohamed ould Maouloud et un président mauritanien depuis le coup d’Etat du général Mohamed ould Abdel Aziz, le 6 août 2008.

Le nouveau chef de l’Etat mauritanien avait également reçu, peu de temps auparavant, et également en audience au Palais de la République, Ahmed ould Daddah, leader du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) et lui aussi figure historique de l’opposition mauritanienne. 

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 21/09/2019 à 07h16, mis à jour le 21/09/2019 à 16h51