Mauritanie. Commission d'enquête parlementaire: voici pourquoi Ould Abdel Aziz ne s'est pas présenté

Mohamed ould Abdel Aziz, ancien président de la République Islamique de Mauritanie.

Mohamed ould Abdel Aziz, ancien président de la République Islamique de Mauritanie. . DR

Le 23/04/2020 à 14h10, mis à jour le 23/04/2020 à 15h29

L'ancien président mauritanien Mohamed ould Abdel Aziz ne s'est pas présenté devant la Commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur sa gouvernance durant la décennie écoulée. En attendant, le investigations de la Commission ont été élargies à d'autres affaires. Détails.

Convoqué en fin de semaine dernière, à la suite de plusieurs responsables sous son règne (anciens premiers ministres, ex-ministres et même ministres en exercice) par une Commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur sa gouvernance controversée de la décennie écoulée, l’ex-président mauritanien, Mohamed ould Abdel Aziz, ne s’est pas présenté.

Toutefois, ce faux bond pourrait être justifié, pour le moment, par un cas de force majeure.

En effet, se trouvant dans une région loin de la capitale en ces temps de confinement imposé par l’épidémie du coronavirus et la suspension des voyages intérieurs, l’ancien homme fort de Nouakchott n’a même pas reçu l’acte matérialisant la convocation.

S’exprimant à travers la presse locale, le député, président de la commission d’enquête parlementaire, Lemrabott ould Bennahi, signale que les élus du peuple sont toujours déterminés à entendre Mohamed ould Abdel Aziz et qu’une nouvelle «convocation» lui sera notifiée au cours des prochains jours.

Les députés doivent entendre l’ancien président sur plusieurs affaires: contrat d’exploitation des produits halieutiques avec la société chinoise «Poly Hondong», le foncier à Nouakchott (vente d’édifices publics), marchés de l’énergie solaire, gestion de la fondation SNIM,...

Mais au-delà de ces dossiers, le champ d’action initial des investigations de la commission d’enquête a été élargi à tous les marchés de l’énergie pendant les 10 dernières années, au-delà du solaire (dont le cumul donne plus d’un milliard de dollars), la gestion globale très controversée de la Société nationale industrielle et minière (SNIM), les marchés sur les infrastructures (routes et édifices publics)…

Premier constat, toutes les personnalités auditionnées par la commission d’enquête parlementaire semblent avoir lâché l’ancien président, en se présentant comme de simples exécutants sous les ordres d’un chef tout puissant.

Pour Ahmed Cheikh, éditorialiste de l’hebdomadaire «Le Calame, «cela ne surprend guerre, tant le pouvoir était concentré entre les mains d’un seul individu».

Le même organe revient sur le débat relatif à la régularité de l’audition d’un ancien président de la République par une commission d’enquête parlementaire. Ce journal note en effet, que «depuis quelque temps, des constitutionnalistes à qui personne n’a rien demandé, se permettent d’affirmer qu’Aziz ne peut comparaitre devant les députés. De quoi je me mêle? Où étaient ces héros quand ce même Aziz, qu’ils défendent urbi et orbi, renversa notre premier président civil démocratiquement élu?».

La série d’interrogations du journal se poursuit avec «le référendum illégal» du 5 août 2017 et d’autres épisodes de la vie politique du pays au cours des dernières années, marqués par des «victoires» au forceps et toujours en violation de la loi

fondamentale.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 23/04/2020 à 14h10, mis à jour le 23/04/2020 à 15h29