Mauritanie: polémique autour de la mort de 52 jeunes migrants en mer

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Le 19/01/2019 à 14h43, mis à jour le 19/01/2019 à 14h45

Plusieurs organes de presse ont annoncé le naufrage d'une embarcation de fortune, provoquant la mort de 52 jeunes Mauritaniens. Des informations démenties par le porte parole du gouvernement, mais confirmées par l'ONG "Migration sans frontières".

Plusieurs organes de la presse mauritanienne ont annoncé au cours des dernières heures «le naufrage d’une embarcation avec à bord 54 migrants clandestins mauritaniens, dont un seul rescapé».

Ce drame est survenu le mercredi 16 janvier, dans les eaux maritimes situées entre le Maroc et l’Espagne.

Parmi les morts, figure notamment une femme, déplore un communiqué de l’Initiative de Résurgence du mouvement abolitionniste, une ONG anti esclavagiste, qui a présenté ses condoléances aux familles des victimes et au peuple mauritanien, à la suite de ce drame.

Ces jeunes «gens conscients des risques de la traversée de l’océan, qu’ils prennent au péril de leur vie, sont partis pour fuir la misère et l’absence de perspective en Mauritanie», souligne l'ONG.

Cette organisation «lance un appel aux potentiels candidats à l’immigration clandestine, à l’effet de s’abstenir d’essayer de joindre l’Europe par des voies irrégulières et à hauts risques» et les invite «à se fixer des objectifs à réaliser dans le pays».

Toutefois, cette information avérée a été démentie, à la surprise générale par le ministre de la Culture et de l’artisanat, porte-parole du gouvernement, Sidi Mohamed ould Maham, qui affirme jeudi soir qu'«aucun incident de noyade de Mauritaniens ne s’est produit dans les eaux territoriales du royaume du Maroc, tel que cela a été propagé mercredi. Le gouvernement s’est assuré de cela grâce à un contact direct avec le gouvernement marocain». Le président de l'Assemblée nationale, Cheikh ould Baya a lui aussi démenti ce drame... ignorant qu'il y a eu un survivant qui va tout raconter. 

Toutefois, selon des sources familiales, plusieurs villages du Guidimakha, zone frontalière entre la Mauritanie et le Mali, séparée par le Karakoro, un important affluent du fleuve Sénégal, sont touchés par ce drame. Il s’agit de Dafor, Gorlakhe et d’autres localités mauritaniennes. Mais aussi de Selifelle et d’autres villages maliens de la région de Kayes.

Par ailleurs, selon le site mauritanien Al Akhbar, l’ONG Migration Sans Frontières a confirmé la disparition de 53 migrants clandestins sur 54, dont 3 femmes, qui tentaient de rejoindre les côtes espagnoles, via le Maroc. Selon l’ONG, la plupart des disparus sont de nationalité mauritanienne et viennent de la région de Guidimakha, dans le Sud-est mauritanien. Selon toujours le site, l’ONG s’est appuyée sur le témoignage du seul survivant du naufrage actuellement hospitalisé au Maroc.

Ces informations détaillées infirment la version officielle des autorités mauritaniennes et confirment celle de l’IRA. 

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 19/01/2019 à 14h43, mis à jour le 19/01/2019 à 14h45