Décidément, l'affaire Mohamed ould M’Kheitir paraît de plus en plus être une embarrassante patate chaude dont les autorités mauritaniennes cherchent à se débarrasser au plus vite.
Mohamed ould M'Kheiter est jeune blogueur dont l'affaire avait fait grand bruit. Condamné à mort pour «apostasie» par une cour criminelle, sa condamnation avait été commuée à deux ans de prison ferme par la cour suprême, à Nouakchott, en novembre 2017, soit la plus haute juridiction du pays, qui a validé, au passage, son repentir.
Car en dépit d’un arrêt ultime de la haute plus instance de l’ordonnancement judiciaire, Mohamed ould Mkheitir a été maintenu "en détention administrative" -un concept inconnu des spécialistes du droit mauritanien-, et ce, officiellement, "pour sa propre sécurité".
Le but de cette décision en a été d’éviter des risques de troubles à l’ordre public, selon la version qui a été donnée par les responsables.
Lire aussi : Peine de mort pour «apostasie» confirmée pour le blogueur mauritanien
Cependant, lle gouvernement mauritanien se retrouve aujourd'hui coincé entre le marteau des organisations de défense des droits humains tant nationaux qu'étrangers, et l’enclume de la catégorie la plus conservatrice des Mauritaniens, ceux proches des milieux islamistes radicaux, lesquels réclament la mise à mort de cet homme, alors même que les juges n’ont retenu à son encontre, en définitive, qu’une peine correctionnelle, par ailleurs largement purgée au cours de so n placement en détention provisoire.
Au début de l'affaire de Mohamed ould M'Kheiter, et ce, durant de nombreux mois, diverses organisations, qui s'étaient autoproclamées "amies du Prophète" de l'islam, ont organisé une série de marches de protestation jusqu’au palais présidentiel. Objectif: réclamer la tête de cet imprudent blogueur, qui avait également dénoncé, dans son blog, la discrimination frappant la caste des forgerons dans la société mauritanienne.
Lire aussi : Mauritanie. Incertitude sur le sort de Mohamed Cheikh Ould M'Kheitir
Mis devant une situation de plus en plus intenable du point de vue strict droit positif, le président sortant, Mohamed ould Abdel Aziz, a adressé hier, mercredi 10 juillet, une invitation à des dizaines d’imams, ainsi qu'à des Fakihs (soit des jurisconsultes musulmans), mais aussi à des cheikh de mahadras (autorité la plus sage des écoles coraniques) et d'autres autorités de référence en matière de religion musulmane, tous issus de toutes les régions du pays.
Pour Mohamed ould Abdelaziz, il s'agit d'organiser une vaste concertation sur «la détention administrative» que subit actuellement Mohamed ould M’Kheitir, près de deux ans après la fin de la peine qui avait été prononcée à son endroit par la cour suprême de Nouakchott.
Toutes les personnalités sollicitées, soit plusieurs dizaines de spécialistes des sciences islamiques, à l’exception notable d’une seule, ont livré des arguments en faveur de la possibilité d’un nouveau repentir du blogueur, lequel sera cette fois-ci pleinement validé par une fatwa collective de toutes les sommités sollicitées par le président Mohamed ould Abdel Aziz, et ce, quelques jours de son retrait des affaires prévue, à partir du 2 août prochain.
Lire aussi : Mauritanie. Apostasie: le blogueur Mohamed Ould M'Kheitir est libre
Aussitôt libéré, l’ancien blogueur de la cité côtière de Nouadhibou devra sortir aussitôt de Mauritanie, pour se rendre auprès de ses parents qui bénéficient quant à eux d’un asile politique en France depuis 2 ans. Il aura également le choix de se rendre en Italie, pays dans lequel une ONG prépare actuellement activement son arrivée.