Le régime politico-militaire poursuit sa répression vis-à-vis des médias algériens dont les lignes éditoriales ne correspondent aux directives imposées par les autorités.
Selon plusieurs sources concordantes, les services de la police judiciaire d’Alger ont mis sous scellés le siège de Berbère Télévision à Alger. Une décision corroborée par une publication sur la page Facebook de la chaîne. «En raison de circonstances exceptionnelles indépendantes de sa volonté, Berbère Télévision n’est pas en mesure d’assurer sa programmation habituelle. Nous nous excusons auprès de nos téléspectateurs. Un communiqué sera rendu public prochainement pour expliquer les raisons de cette situation», regrette la chaîne sur sa page Facebook.
L’information a été confirmée par le journaliste et militant Khaled Drareni qui a fait état, sur son compte Twitter, de la mise sous scellés du bureau d’Alger de la chaîne privée Berbère TV dont le siège se trouve à Montreuil, en France, et qui est dédiée à la communauté berbère.
Cette décision de fermeture du bureau d’Alger a suscité l’indignation et la solidarité des téléspectateurs de la chaîne et de tous ceux qui sont épris de justice et d’une presse libre et indépendante.
Le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) a réagi en se disant «scandalisé» et a dénoncé une «énième dérive autoritaire», en soulignant dans un communiqué qu’«à travers cette nouvelle descente de la police judiciaire sur un média, c’est sans doute l’une des dernières fenêtres de débat qui vient d’être fermée», ajoutant que «cette décision inique intervient au moment où les quelques relais du régime s’agitent pour vendre l’image d’un pouvoir soucieux d’apaisement et d’ouverture pour s’amender».
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Toujours selon le RCD, «cette atteinte de trop à la liberté d’expression et d’information du citoyen, démontre une fois de plus, la vision et l’aversion des tenants du pouvoir à tout ce qui échappe à leur contrôle. Cette répression des voix dissonantes doit interpeller tous ceux qui, épris de liberté, veulent une Algérie apaisée où règnera le droit».
Cette décision a été également dénoncée par Said Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH). Tout en exprimant sa solidarité aux journalistes et à l’équipe de Berbère TV à Alger et à Paris, il a dénoncé cette décision sur son compte Twitter en la présentant comme «une provocation de trop», soulignant que «le pouvoir autoritaire pousse au pourrissement et à la violence». Il a conclu son message en exprimant sa solidarité avec les journalistes et l’équipe de Berbère Télévision à Alger et à Paris.
Une solidarité que l’équipe de la chaîne a tenu à saluer: «Berbère Télévision présente ses remerciements aux milliers de personnes qui nous ont montré leurs soutiens à travers leurs messages et leurs publications», tweete la chaîne.
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A rappeler qu’avant cette énième décision touchant un média algérien, le régime n’a cessé de harceler les médias indépendants. Le patron de presse algérien Ihsane El Kadi, directeur de la station Radio M et du site d’information Mahghreb Emergent est en détention depuis le 29 décembre dernier. Il a été rejoint, depuis le début du mois, par Mustapha Bendjama, du journal Le Provincial, basé à Annaba (est du pays). Dans la même logique répressive, le caricaturiste algérien Ghilas Ainouche, qui vit en France, a été condamné, en novembre dernier, à 10 ans de prison pour «atteinte au président de la République».
Sale temps pour les journalistes algériens…