Emmanuel Macron indésirable au Gabon, selon la société civile

Le président français Emmanuel Macron.

Le 22/02/2023 à 08h55

Annoncé les pour 1er et 2 mars prochain à Libreville, le séjour gabonais d’Emmanuel Macron pourrait connaître de fortes perturbations en marge du «One forest summit», dédié aux enjeux forestiers de la planète, prévu dans moins de deux semaines au Gabon. La société civile et une partie de l’opposition envisagent des actions de protestation contre la présence française dans leur pays.

Alors que la France cherche à redorer son blason en Afrique, par tous les moyens, voilà que la société civile gabonaise compte montrer qu’Emmanuel Macron n’est pas le bienvenu à Libreville ces 1er et 2 mars 2023. Le président français qui veut assurer à son pays une présence de haut niveau au «One forest summit» se verra réserver un accueil qu’il ne risque pas d’oublier de sitôt.

En effet, la Fédération des mouvements citoyens anti-françafricains du Gabon est vent debout contre la venue du chef de l’Etat français. Mieux, il est question de lui faire subir une humiliation à la hauteur de l’impopularité grandissante de la France sur le continent, notamment depuis que Macron est le locataire de l’Elysée. A la société civile s’est jointe une partie de l’opposition qui accuse la France de piller le Gabon et les autres pays du continent.

Il a carrément été déclaré «persona non grata au Gabon», prévient Gérard Ella Nguema, président du Front patriotique Gabonais (FPG), opposition.

« La colère des Gabonais ne cesse de s’amplifier. Les autorités françaises et gabonaises auront-elles les oreilles assez fines pour écouter ? Peut-on espérer qu’ils soient habités par la sagesse pour reconsidérer le voyage du président de la République française au Gabon ? » tempête Geoffroy Foumboula Libeka, membre de la société civile.

Pour le mouvement souverainiste et anti-françafrique dénommé «The NewPower», ou le Nouveau Pouvoir, dont le fondateur est Privat Ngomo et plusieurs autres patriotes, dont l’ancien vice-premier ministre Bruno Ben Moubamba, il faut paralyser l’économie en restant chez soi les 1er et 2 mars 2023. «À ces dates, Macron séjournera dans notre pays. À cet effet, en plus de la ville morte, nous organiserons des concerts de casseroles pour exiger le départ des troupes françaises du Gabon», peut-on lire sur les différentes plateformes de communication des frondeurs qui s’opposent à la visite d’Emmanuel Macron à Libreville.

On rappelle qu’en janvier dernier, plusieurs formations politiques gabonaises ont dénoncé dans une lettre au président français, Emmanuel Macron, sa visite à Libreville le 2 mars à l’occasion du prochain sommet international sur les forêts, qui est par ailleurs perçu comme un «soutien» au chef de l’Etat du Gabon à six mois de l’élection présidentielle prévue fin août.

La dernière visite d’un chef d’Etat Français au Gabon est celle effectuée par Nicolas Sarkozy, toute aussi polémique que l’annonce de l’arrivée d’Emmanuel Macron à Libreville. Elle remonte au 24 février 2010.

Ancienne colonie française indépendante depuis 1960, cet Etat d’Afrique centrale de deux millions d’habitants et riche de son pétrole, a longtemps constitué un pays clé pour la France sur le continent. Cependant, partout sur le continent, plus précisément dans les anciennes colonies françaises, le paternalisme de Paris et sa volonté d’imposer ses entreprises au détriment des intérêts des Africains sont de plus en plus décriés.



Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 22/02/2023 à 08h55