Du 1er au 30 avril prochain, le gouvernement gabonais convoque un dialogue national inclusif post-coup d’État qui avait renversé le régime d’Ali Bongo Ondimba.
Dans le microcosme politique, comme au sein de la société civile, ce forum est perçu sous le prisme d’un grand déballage de dysfonctionnements institutionnels. Il a pour vocation d’éviter au pays, les erreurs du passé.
La Coalition pour la nouvelle république (CNR) de Jean Ping, l’opposant à l’ancien pouvoir, propose ainsi l’organisation d’une Conférence nationale en lieu et place du dialogue national. «Le président de la transition ayant déclaré la mort du duo majorité-opposition, le contexte actuel ne se prête pas à un dialogue. Car qui est en face de qui? Les discussions envisagées se feront par de multiples intervenants, plusieurs thématiques qui donnent la configuration d’une conférence nationale. Par conséquent, la CNR propose la tenue d’une conférence nationale inclusive et souveraine», a déclaré Vincent Moulengui Boukoussou, président de la CNR.
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Six mois après la mise en place du calendrier de la transition, les langues se délient à Libreville sur ce que beaucoup de Gabonais espèrent être un moment décisif pour reconstruire leur pays au sortir d’un dialogue qui durera un mois. «S’il s’agit d’un dialogue national ordinaire, ça veut dire que les résolutions qui seront prises ne seront pas contraignantes pour le pouvoir exécutif. Or, s’il s’agit d’un dialogue national souverain, cela voudrait dire que c’est la voix du peuple qui compte», explique, Brice Ndoutoume, journaliste.
À moins de trois semaines du début des Assises nationales, le ministère de la refondation des institutions enregistre près de 30.000 contributions de Gabonais ayant donné leurs avis sur l’état de la nation et formulé des propositions de sortie de crise selon les thématiques de leur choix. Pour Jean Paul Onanga, ingénieur de formation, le plus important est de respecter les résolutions qui en sortiront. «Juste après le dialogue, il faudrait qu’il y ait un Comité de suivi des actes qui seront pris...», a-t-il dit.
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Du côté de la société civile, le son de cloche est tout autre et soulève une question de timing d’un dialogue national dont l’organisation est largement attribuée aux acteurs politiques. Le Copil citoyen redoute son échec. «Techniquement, il n’est pas possible d’organiser le dialogue le mois prochain. Il ne suffit pas d’amener 1000 personnes pour venir parler. Quels sont les objectifs recherchés? Qui connait les termes de référence?», se demande Geoffroy Foumboula Libeka, le président du Copil citoyen milite pour un décalage du calendrier du dialogue pour lequel 10.000 personnes sont attendues.
Le gouvernement n’a pas encore réagi aux contre-propositions de la société civile et de la CNR. Il se dit surtout prêt à relever le défi de ce rendez-vous placé sous la supervision de l’archevêque de Libreville, Monseigneur Jean Patrick Iba-Ba.