Sauf retournement de situation de dernière minute, le nouveau code électoral soumis à l’examen du parlement de transition devra consacrer l’entrée «officielle» en politique des forces de défense et de sécurité. Ainsi donc, au même titre que les acteurs politiques, les comptables publics et les magistrats, les militaires sont autorisés à se présenter aux élections politiques. Le texte déjà largement approuvé par l’assemblée nationale de transition a été examiné en dernier ressort par le Sénat, une simple formalité.
D’autant que les députés et sénateurs nommés par le chef du Comité de transition pour la restauration des institutions (CTRI) n’émettent que des avis et recommandations sur des sujets débattus en plénière. La copie du parlement sera rendue publique ce 20 janvier sur fond de contestation politique de ce nouveau code électoral. «Je pense que pendant la transition, l’objectif est de restaurer les institutions. Et c’est de la pire des manières de le faire si les militaires deviennent les acteurs politiques. S’ils savent faire leur travail, notamment garantir la sécurité des biens et des personnes, sécuriser le territoire national, ils n’ont pas besoin de faite de la politique», a déclaré Pr Noël Bertrand Boundzanga, président de la plateforme politique Telema.
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Avant Mr Boundzanga, d’autres voix ont exprimé leurs inquiétudes sur certains points tels l’organisation des élections confiées au ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, le relèvement des cautions de campagnes, la possibilité pour les magistrats, les comptables publics, les agents des forces de sécurité et de défense de se porter candidats et d’être mis en détachement uniquement lors des prochaines élections.
Les opposants au comité de transition estiment que ces dispositions du nouveau code électoral sont de nature à compromettre les lendemains électoraux apaisés tant espérés. Des craintes balayées d’un revers de la main par les soutiens du CTRI et du gouvernement. Par centaines, ils sont sortis dans les rues de Libreville ce weekend pour appeler à la candidature de Brice Clotaire Oligui Nguema lors de la future présidentielle. «La volonté du peuple est au-dessus de toutes les volontés. Militaire ou pas militaire, civil ou pas civil, ce dont le Gabon a besoin c’est d’un homme décidé, d’un homme déterminé à sortir les Gabonais du marasme dans lequel ils se trouvent et d’apporter des conditions d’une vie meilleure pour ses concitoyens», réplique Joseph Minko, militant associatif.
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Véritable «pierre angulaire pour garantir des élections libres, transparentes et équitables», le nouveau code électoral du Gabon comprend 383 articles, structurés en quatre livres, dix-huit titres et cinquante-huit chapitres. Sa validation est une étape importante de l’agenda de la Transition menant en effet vers l’élection présidentielle et, inéluctablement, à la fin de la Transition pour un retour à l’ordre constitutionnel au Gabon. Ce texte promeut également la création de deux sièges de députés pour la diaspora et la possibilité pour les binationaux de se présenter aux élections législatives et locales sans avoir à renoncer à une nationalité.