Cette semaine, quelques minutes après le début du dialogue avec les représentants du gouvernement guinéen, les leaders du mouvement syndical ont claqué la porte. Ils exigent la libération «immédiate et sans conditions» de Sékou Djamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat de la presse professionnelle de Guinée, incarcéré depuis quatre semaines.
Le mouvement syndical annonce qu’un préavis de grève est valable jusqu’au 16 février. Le 17 février 2024, ce sera un avis de grève générale et illimitée qui sera déposé si les revendications ne sont pas satisfaites: libération de Jamal Pandessa, levée de la suspension d’internet, baisse du prix des denrées de première nécessité...
Une situation qui inquiète Bah Oury, acteur politique. «C’est préoccupant à différents niveaux. Les revendications du mouvement syndical interviennent dans un contexte national relativement fragile et un contexte sous-régional particulièrement troublé sur le plan sécuritaire et politique. Il est inquiétant qu’en Guinée nous ne parvenons pas à faire prospérer une dynamique plus apaisée. On est toujours dans une logique de confrontation et avec des risques qu’on semble parfois négliger. La paix, la stabilité, l’unité du pays sont en question».
Les membres du mouvement syndical estiment que tenir cette grève générale reste la seule manière de faire entendre raison au gouvernement, confie M’Bany Sidibé, syndicaliste. «Le droit ne se donne pas, le droit s’arrache. Aujourd’hui, depuis le préavis, le gouvernement a commencé, à travers le Conseil national de dialogue, à demander le dialogue. Et je suis sûr que le jour où on va déposer le préavis de grève, le gouvernement va rapidement régir».
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Mais attention, prévient l’ancien ministre et acteur politique Bah Oury aux deux parties. «Comme vous le savez, ce sont des militaires, et les militaires sont souvent radicaux dans la démarche. Mais de l’autre côté aussi, les structures de la société, qu’elles soient civiles ou politiques, manquent d’approche qui correspond au contexte dans lequel nous vivons. Le gouvernement doit faire preuve de pondération, aller dans le sens du respect des droits. Les acteurs de la société civile et les politiques doivent faire preuve de plus de responsabilité».