Jadis des pays voisins aux liens économiques, diplomatiques, et démographiques historiquement forts, rien ne va actuellement entre la Côte d’Ivoire et le Mali. Tout a commencé le 10 juillet 2022, lorsque les autorités maliennes ont arrêté 49 militaires ivoiriens qui, selon elles, se trouvaient «illégalement» sur son territoire dans le but de «briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali». Qualifiés de «mercenaires» par Bamako, ces soldats sont toujours détenus au Mali, à l’exception des trois femmes parmi eux qui ont été libérées depuis.
Malgré la médiation togolaise menée par le président Faure Gnassingbé, ou les appels de personnalités importantes, comme le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Antonio Gutteres, le président bissau-guinéen Umaru Sissoco Embalo ou encore celui du Niger, Mohamed Bazoum, à la libération des soldats, qui «ne sont pas des mercenaires» selon elles, Bamako campe sur sa position. Face à Abidjan, qui continue d’exiger la libération de ses militaires, la junte réclame en échange l’extradition de trois opposants maliens réfugiés chez son voisin du sud.
Lire aussi : Mohamed Bazoum, président du Niger: «Alassane Ouattara a été trahi» dans l’affaires des 49 militaires ivoiriens
Après quatre mois d’une situation qui aurait dû être réglée depuis bien longtemps, les autorités ivoiriennes viennent de prendre une décision qui ne va pas forcément arranger les choses. Dans une communication adressée au Bureau du secrétaire général adjoint aux opérations de paix des Nations unies, datée du 11 novembre 2022, la mission permanente de la Côte d’Ivoire auprès de l’ONU a annoncé le retrait des casques bleus ivoiriens déployés au Mali.
«D’ordre du Gouvernement de la République de Côte d’Ivoire, la Mission Permanente confirme la décision de retrait progressif des personnels militaires et de police ivoiriens déployés au sein de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA)», lit-on dans la lettre, qui rappelle que cette décision avait été annoncée le 28 octobre 2022 par le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, Léon Kacou Adom, lors d’un entretien avec Jean-Pierre Lacroix, chef des opérations de paix de l’ONU.
Lire aussi : Soldats ivoiriens détenus: le gouvernement malien veut une "contrepartie"
Comment se déroulera ce retrait des forces ivoiriennes au Mali? «La relève de la compagnie de protection basée à Mopti ainsi que le déploiement des officiers d’Etat Major (MSO) et des Officiers de Police (IPO), prévus respectivement en octobre et novembre 2022, ne pourront plus être effectués», fait savoir la mission ivoirienne à l’ONU. Dans la même veine, «la Côte d’Ivoire n’envisage pas relever, en août 2023, les militaires et autres éléments, présents au sein de la Force de la MINUSMA».
Afin d’assurer la mise en œuvre effective de sa décision, le gouvernement ivoirien appelle le Département des opérations de paix (DPO) à prendre les «dispositions idoines qu’i lui plaira de prendre». Et assurant le DPO de sa volonté de rester engagé au service de la paix, Abidjan se dit disposée «à redéployer les contingents retirés du Mali, dans les autres missions onusiennes de maintien de la paix».