Le retrait des Français avait été exigé par les généraux nigériens rapidement après leur arrivée au pouvoir par un coup d’Etat fin juillet, et le président français Emmanuel Macron avait annoncé leur départ fin septembre.
Environ 1.400 soldats et aviateurs français étaient jusqu’ici déployés dans le pays pour lutter contre les jihadistes aux côtés des Nigériens, dont environ 1.000 à Niamey et 400 sur deux bases avancées dans l’ouest, à Ouallam et Tabarey-Barey, au coeur de la zone dite des « trois frontières » avec le Mali et le Burkina Faso.
Un convoi de soldats en provenance de Tabarey-Barey est arrivé à Niamey mardi midi, avec des poids lourds transportant du matériel et des blindés, a constaté un journaliste de l’AFP.
«Les premiers départs ont lieu, conformément à la planification, à la coordination en cours», a appris l’AFP plus tôt auprès des armées françaises, confirmant l’annonce faite la veille par le régime militaire nigérien, qui évoquait des convois sous escorte de son armée sans préciser leur destination.
Un avion avec du matériel français et un premier groupe de militaires prioritaires (évacuations sanitaires, notamment) s’est par ailleurs envolé de Niamey lundi, a-t-on appris auprès d’une autre source militaire.
La destination finale des convois français n’a pas été officiellement communiquée.
Selon des sources proches du dossier, ils devraient ensuite prendre la direction du Tchad, via plus de 1.600 kilomètres de routes et de pistes pour atteindre N’Djamena, où se trouve le commandement des Forces françaises au Sahel.
Le régime militaire avait annoncé vendredi que le retrait des soldats français se ferait «en toute sécurité».
Trajet dangereux
Après le départ de la France du Mali, puis du Burkina Faso à partir de l’été 2022, le Niger était devenu le partenaire-clé des opérations antijihadistes françaises, dans une région où sévissent les groupes armés affiliés à l’Etat islamique et Al-Qaïda.
Ce nouveau retrait lance aux Français un double défi logistique et sécuritaire.
Les options de trajet sont limitées, voire dangereuses, avec le risque de manifestations antifrançaises mais aussi la présence de jihadistes liés à Boko Haram et à la filiale en Afrique de l’Ouest de l’EI (Iswap) dans la zone de Diffa (est du Tchad).
Les frontières terrestres du Niger sont par ailleurs fermées avec le Bénin et le Nigeria depuis le coup d’Etat du 26 juillet qui a destitué le président Mohamed Bazoum, allié de la France. Et les Nigériens interdisent le survol de leur territoire par des avions français, civils et militaires, sauf dérogation.
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Les frontières ont été en revanche rouvertes avec l’Algérie, la Libye, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad.
Si les containers français sont acheminés vers le Tchad, le trajet sera long, pénible et dangereux. Ils devront en effet transiter ensuite par le port de Douala, au Cameroun, au terme d’un autre convoi compliqué, selon une source proche du dossier.
Après avoir conclu un partenariat de combat avec le Niger contre les groupes jihadistes, la France avait discrètement étoffé l’enceinte de Niamey, avec des blindés et des hélicoptères, venus renforcer les cinq drones armés Reaper et au moins trois avions de chasse Mirage déjà sur place.
Située au sein de la base nigérienne 101 de la capitale, cette enceinte accueille des centaines de préfabriqués qui font office de bureaux, du matériel informatique, des hangars et abris modulaires pour les aéronefs, des tentes sur la base de vie, des cabines de pilotage pour les drones, des bulldozers du génie ou encore des camions de pompiers.
Autant de matériels que l’armée française n’a aucune intention de laisser à l’armée nigérienne.
Au Mali, le désengagement avait mobilisé 400 logisticiens envoyés en renfort pour le démantèlement de Gao, la plus grande emprise française du pays, et 6.000 containers.