Le 25 décembre 2024, le Conseil des ministres, présidé par le président Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, a adopté le projet de loi datant de 1991, régissant les partis politiques. Ce texte fixe les conditions de délivrance du récépissé de reconnaissance à une formation politique à 5.000 parrainages répartis dans plusieurs régions du pays et porte l’exigence de représentativité de 1% à 2% de l’électorat après deux scrutins municipaux. Ce projet de loi autorise également un droit de suspension de six mois et même de dissolution des partis politiques par le gouvernement, sans recourir à la justice.
Biram Dah Abeid, député abolitionniste, président de la nouvelle alliance politique «Anti système» déplore le comportement «d’un pouvoir exécutif, qui suspend de manière unilatérale, l’application d’une loi de la République, pour des intérêts purement électoralistes, dans l’objectif de se protéger par rapport à la concurrence des forces de l’opposition, susceptibles d’attirer des voix issues de son électorat aux batailles politiques.»
Le député reproche ainsi au régime du président Mohamed Cheikh El Ghazouani, le fait d’avoir bloqué l’application des dispositions de l’ordonnance de juillet 1991, sur la procédure de reconnaissance des associations à caractère politique, pendant plusieurs années, donc bien avant l’annonce du projet de révision. Une démarche «dictée par des ambitions personnelles et de clan, facteurs par rapport aux quels le président de la République et le ministre de l’intérieur, entendent dessiner l’avenir politique de la Mauritanie.»
Mohamed Maouloud, leader de l’Union des Forces de Progrès (UFP), désapprouve «une loi qui ne tient pas comptes des préoccupations de l’opposition, et même delà, de toute la classe politique. Des dossiers de plusieurs partis politiques, demandeurs de récépissés, remplissant toutes les conditions, sont actuellement bloqués par le gouvernement, en violation flagrante de la loi en vigueur. Celui-ci s’est en effet permis de suspendre plusieurs années durant l’application des dispositions d’une loi de la République, sous le régime précédent, et cela continue de manière discrétionnaire encore aujourd’hui, rappelant le comportement des pouvoirs d’exception.»
Le leader de l’UFP rejette le nouveau projet de loi pour son caractère unilatéral et qui représenterait un recul par rapport aux dispositions de l’ordonnance de 1991, pourtant issue d’une période d’exception. Cette loi, une fois soumise au vote des députés du Parlement passera comme une lettre à la poste étant donné la majorité absolue dont dispose le parti au pouvoir.