Présidentielle 2025 au Gabon: le processus électoral se poursuit sur fond de divergences politiques

Des membres de l'opposition gabonaise regroupés au sein de l'Initiative pour les élections post-transition pacifiques, libres et transparentes.

Le 15/01/2025 à 14h17

VidéoLe Parlement de transition examine, jusqu’au 20 janvier, le projet de code électoral en prévision de la présidentielle prévue cette année. En dépit de l’engagement des autorités de transition pour des élections transparentes, de profondes divergences persistent entre les partisans de la junte au pouvoir et les opposants.

Regroupés au sein d’une coalition ponctuelle dénommée, initiative pour les élections post-transition pacifiques, libres et transparentes, quelques voix critiques issues des rangs de l’ancien régime et de l’opposition traditionnelle, dénoncent un processus «tronqué par le comité de transition et la restauration des institutions» (CTRI). «Nous exigeons des militaires la transparence électorale», rappelle, Pierre Claver Maganga Moussavou, président du Parti Social Démocrate (PSD).

Certains observateurs redoutent que les nouvelles structures chargées de la conduite des futures élections ne soient totalement aux ordres du CTRI, la junte militaire au pouvoir. Or c’est notamment au nom de la restauration de l’«intégrité électorale» qu’avait été conduit le putsch d’août 2023 qui avait mis un terme au règne des Bango.

Après le putsch, les militaires avaient dissous les institutions et nommé 98 députés et 70 sénateurs composant le Parlement de transition, membres de partis politiques ou de la société civile issus de l’ex-opposition au régime Bongo mais aussi de sa majorité. «La fin de la Transition sera marquée par des élections libres et transparentes», avait déclaré le chef de l’Etat dans son discours de vœux pour le Nouvel An. Selon certaines indiscrétions, la présidentielle aura lieu le 22 mars 2025.

Mais d’ici là, les divergences persistent. «Lorsque l’opposition appelait au dialogue, tout le monde avait fait la sourde oreille. Nous voyons à quoi ça a abouti», déplore Alain Claude Billie By Nze, ancien Premier ministre.

Les opposants, rejettent aussi toute candidature des militaires lors des prochaines élections estimant qu’une telle éventualité violerait l’engagement du CTRI, celui de restituer le pouvoir aux civils à l’issue d’élections transparentes. Ils appellent à une mise à plat des opérations en cours, y compris l’examen du code électoral.

Mais pour les soutiens du régime, c’est un faux débat, «c’est le même processus électoral qui est en vigueur un peu partout à travers le monde. Je ne vois pas pourquoi ça pose problème sauf s’il y a des personnes qu’un autre format arrange», estime Joseph Minko, membre de la coordination nationale de soutien à Oligui Nguema, le chef de l’Etat.

Des voix discordantes autour d’un processus électoral qui n’a pourtant pas encore livré son calendrier. Et sur le débat relatif à la refonte du code électoral, le Parti Démocratique Gabonais, ex-parti au pouvoir, se fait discret en attendant la fin des travaux du Parlement de transition.

«Nous avons tous applaudi quand les autorités de la transition avaient pris les choses en main. Nous avons tous applaudi la mise en place d’un Parlement de transition. Nous devons juste faire confiance aux députés et sénateurs», recommande pour sa part Julien Nkogue Bekale, ancien Premier ministre.

C’est le 20 janvier que le Parlement de transition rendra sa copie après que les 168 députés et sénateurs auront examiné les 383 articles du nouveau code électoral. S’ils n’ont pas tous été rendus publics, certains amendements ont été éventés dans le compte rendu du conseil des ministres début janvier.

Ces amendements concernent notamment l’accès équitable des candidats aux médias publics, l’adoption d’un fichier et d’une liste électoraux biométriques et des quotas obligatoires dans les listes de candidats des partis politiques qui devront prévoir au moins 30­% de femmes et 20% de jeunes.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 15/01/2025 à 14h17