Son homologue mauritanien Mohamed Salem Ould Marzouk a invoqué les «règles du droit international», tout en disant «comprendre» les préoccupations sécuritaires russes en Europe.
Lavrov a poursuivi à Nouakchott l’offensive diplomatique russe en Afrique, terrain d’une concurrence stratégique entre grandes puissances intensifiée par la guerre en Ukraine.
Mardi au Mali, dont la Russie est devenue le partenaire privilégié après la prise de pouvoir par les militaires, il a promis l’aide de Moscou aux pays du Sahel et du Golfe de Guinée contre les jihadistes, et laissé présager une implication accrue sur le continent.
Avec la Mauritanie, Lavrov se rendait dans un pays charnière entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne.
Après avoir elle-même fait les frais de la poussée jihadiste, la Mauritanie, vaste pays majoritairement désertique de 4,5 millions d’habitants, n’a plus connu d’attaque depuis 2011 alors que le jihadisme se propageait ailleurs au Sahel, au Mali, au Burkina Faso et au Niger, jusqu’à menacer à présent le Golfe de Guinée plus au sud.
Lire aussi : Sergueï Lavrov arrive au Mali en pleine idylle entre Bamako et Moscou
La Mauritanie fait partie avec le Burkina Faso, le Niger et le Tchad du G5 Sahel, que le Mali a quitté en 2022, et de sa force conjointe antijihadiste soutenue par la France, les Etats-Unis et l’ONU. Paris revendique avec Nouakchott une importante coopération de sécurité et de défense, en plus du développement.
La Mauritanie a par ailleurs voté en mars 2022 la résolution de l’ONU demandant à la Russie de cesser immédiatement ses opérations militaires en Ukraine, alors que de nombreux pays africains s’abstenaient ou se gardaient de prendre part au vote.
Elle a voté en octobre une résolution contre l’annexion de quatre régions d’Ukraine par la Russie. Elle s’est en revanche abstenue en novembre lors d’un vote sur des réparations de guerre que la Russie devrait verser à l’Ukraine.
«Nous avons exprimé notre respect envers la politique de neutralité menée par la Mauritanie de manière conséquente sur tous les axes», a dit Lavrov lors d’une déclaration devant des journalistes.
Lire aussi : Périples des diplomates russes et américains, l’Afrique terrain d’une nouvelle «guerre froide»
«Cette neutralité n’empêche pas la Mauritanie de jouer un rôle actif dans l’examen des problèmes du continent africain, avant tout ceux qui existent à proximité de la Mauritanie. Je parle de la menace terroriste dans la région sahélo-saharienne et des tâches menées pour faire sortir de l’impasse le processus de règlement dans le Sahara Occidental», frontalier de la Mauritanie et théâtre d’un conflit entre le Maroc et le Front Polisario soutenu par l’Algérie, a-t-il dit.
«Nous allons apporter un soutien actif à ces efforts de nos amis africains, en partant du principe qu’ils ont intérêt à ce qu’on les assiste dans ce travail», a-t-il ajouté.
Son homologue mauritanien Mohamed Salem Ould Marzouk a rappelé lors d’une conférence de presse conjointe «certaines constantes» de la diplomatie mauritanienne, «notamment le respect des règles du droit international et des principes de la Charte des Nations unies».
Cependant, a-t-il ajouté, «la Mauritanie comprend les préoccupations sécuritaires de la Russie et trouve qu’il faut les prendre en considération pour son rôle important dans la sécurité et la stabilité en Europe ainsi qu’au niveau international».
Lavrov a été reçu par le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a rapporté l’agence de presse nationale.