Les présidents et chefs de gouvernement de 49 pays africains sont conviés au Sommet Etats-Unis-Afrique qui s’ouvre ce mardi 13 décembre à Washington, aux Etats-Unis, et qui s’étalera sur 3 jours. Il s’agit du second sommet du genre après celui organisé en 2014 sous la présidence de Barack Obama. Une occasion pour le président américain Joe Biden de tenter de revitaliser les relations Etats-Unis-Afrique afin de contrer l’influence grandissante de la Chine et de la Russie sur le continent dans tous les domaines.
A ce titre, plusieurs sujets relatifs au continent seront au menu, dont la lutte contre le terrorisme, qui touche plusieurs pays africains (Mali, Burkina Faso, Somalie, Mozambique, Niger, Nigeria, Tchad…), la santé, le changement climatique, les crises politiques et transfrontalières et, bien évidemment, l’économie.
Concernant ce dernier point, il sera notamment question de l’AGOA, l’accord visant à faciliter les exportations des pays africains vers les Etats-Unis qui a été prolongé jusqu’en 2025. C’est actuellement le mécanisme qui permet de faciliter les échanges commerciaux entre les deux parties.
Lire aussi : Les Etats-Unis veulent un "véritable partenariat" avec l'Afrique (Blinken)
Un forum d’affaires est également programmé lors de ce sommet afin d’identifier les voies et moyens à même de booster les échanges entre l’Afrique et les Etats-Unis. Toutefois, plusieurs pays africains souhaitent que la loi de l’an 2000 sur la croissance en Afrique, qui lie la levée des tarifs douaniers aux progrès démocratiques, soit revue afin de ne pas handicaper les exportations africaines vers les Etats-Unis. A cause de cette loi, chaque année, certains pays du continent sont exclus de l’accord AGOA.
Et à ce titre, la Maison-Blanche a annoncé l’allocation d’une enveloppe de «55 milliards de dollars à l’Afrique sur trois ans». Des fonds qui seront orientés prioritairement vers la santé et au changement climatique. La répartition de cette manne parmi les pays africains sera annoncé dans les prochains jours.
Lire aussi : Arrivée de Blinken en Afrique pour contrecarrer l'influence russe
Au-delà, cette rencontre vise surtout à repositionner les Etats-Unis sur l’échiquier politique et économique en Afrique, un continent que l’ancien président Donald Trump avait négligé durant son mandat. Cette situation a grandement profité à d’autres puissances, dont particulièrement la Chine et la Russie, qui se sont fortement renforcées au niveau du continent sur divers plans, notamment ceux économique et diplomatique. La Chine est devenue le premier partenaire économique du continent en termes d’échanges commerciaux, d’investissements et de financements. Sentant sont pays concerné indirectement par ce sommet, l’ambassadeur de la Chine aux Etats-Unis, Qin Gang, a souligné lundi dernier, lors d’un forum, que «l’Afrique doit être un lieu de coopération, pas un lieu de compétition entre grandes puissances pour des gains géopolitiques».
Sur le volet diplomatique, la percée russe en Afrique inquiète aussi bien les Européens que les Américains. Les votes de sanction contre la Russie à l’ONU, marqués par une forte neutralité des pays africains, poussent aujourd’hui les Etats-Unis à revoir leur relation diplomatique avec le continent après la parenthèse Trump qui a été néfaste pour les relations entre les deux parties.
Lire aussi : Les États-Unis «préoccupés» par les informations «crédibles» sur un soutien du Rwanda à des rebelles en RDC
D’ailleurs, pour ce sommet, les Etats-Unis ont souhaité ratisser large. En tout, 49 pays sur les 54 que compte l’Afrique ont été conviés à ce sommet. Même ceux qui sont très critiqués en matière de respect des droits de l’homme ont été conviés à ce sommet. Seuls l’Erythrée et quatre autres pays exclus à cause des régimes issus de coups d’Etat, à savoir le Burkina Faso, le Mali, la Guinée et le Soudan, ne seront pas présents à Washington.
Le président américain, Joe Biden, va intervenir à deux reprises lors de ce sommet, une manière de marquer les esprits et l’intérêt qu’il porte pour le continent. Il est question qu’il y plaide pour un siège permanent de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité et la représentation formelle de l’UA au sein du G20.
Ce sera aussi l’occasion pour la diplomatie américaine de se mettre en action pour trouver des solutions à certaines crises au niveau du continent. Parmi celles-ci figurent la guerre au Tigré en Ethiopie et la crise RDC-Rwanda liée à la rébellion du M23.
Enfin, parmi les principaux dirigeants africains présents, on peut citer le sénégalais Macky Sall, par ailleurs président de l’UA, le nigérian Muhammadu Buhari, l’égyptien Abdel Fattah al-Sissi, l’Ethiopien Abiy Ahmed...
On notera, toutefois, l’absence du président sud-africain Cyril Ramaphosa, englué dans un scandale sur fond d’accusation de corruption.