Dès le premier jour de la campagne officielle, la capitale N’Djamena était quasi-totalement pavoisée aux seules couleurs de sa coalition de partis et de portraits géants de ce général de 40 ans, rapporte un journaliste de l’AFP.
C’est à peine si quelques affichettes arboraient les visages de certains des neuf autres candidat ça et là, à l’exception, dans son quartier, de Succès Masra, ex-opposant farouche qui s’est rallié en janvier à la junte et a été nommé Premier ministre par Mahamat Déby.
L’opposition, muselée et sévèrement réprimée depuis trois ans, accuse M. Masra de l’avoir trahie et de concourir pour leur ravir des voix avec l’idée d’assurer une majorité au général et conserver son poste de chef du gouvernement.
Certains des huit autres candidats, que l’opposition évincée accuse d’être des faire-valoir acceptés ou promus par la junte pour donner «un vernis démocratique» à un «scrutin joué d’avance», ont également fait campagne à N’Djamena, mais devant de bien plus petites assemblées.
Lire aussi : Présidentielle au Tchad: le Conseil constitutionnel invalide la candidature des principaux opposants au pouvoir
De grosses cylindrées et de nombreux autocars transportant des milliers de sympathisants au premier meeting de campagne du général Déby ont parcouru la ville couvertes de photos de leur champion et de son slogan: «Avec MIDI pour un Tchad uni». MIDI, l’acronyme de son nom.
«je suis un soldat et un homme de terrain», «après trois ans à la tête du pays, j’ai de l’expérience... Qu’est-ce qu’ils ont les autres?», a lancé le petit homme au visage juvénile derrière de fines lunettes, devant des milliers de partisans rassemblés sous un soleil de plomb sur la grande place de la Nation, à un jet de pierre du palais présidentiel.
Le tout sous la surveillance de nombreux soldats de la toute puissante garde présidentielle qu’il dirigeait avant de prendre de pouvoir, lourdement armés et juchés sur leurs blindés.
Dans son quartier, Succès Masra, 40 ans aussi, a également tenu meeting devant quelques milliers de partisans. Avec son slogan «Lalekou», bonjour en arabe tchadien, il veut mener une «campagne de porte à porte».
Lire aussi : Présidentielle au Tchad: 10 candidats invalidés appellent à empêcher la «dictature»
Mahamat Déby a été proclamé par l’armée Président de transition le 20 avril 2021, à la tête d’une junte de 15 généraux, à la mort de son père Idriss Déby Itno, lequel régnait d’une main de fer sur le Tchad depuis 30 ans.
Après une transition de 18 mois prolongée de deux ans, il est quasi-assuré de remporter la présidentielle après que son régime a violemment réprimé dans la rue et muselé toute opposition et éliminé toute concurrence.
Son principal adversaire, Yaya Dillo, a été tué fin février par des militaires dans l’assaut de son parti, d’une « balle dans la tête à bout portant » selon l’opposition, puis les candidatures de dix autres potentiels rivaux ont été invalidées.