Le prix décerné au ministre sénégalais de la Santé choque la presse guinéenne à cause d'Ebola

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Le 14/02/2017 à 08h12, mis à jour le 14/02/2017 à 08h12

La ministre sénégalaise de la Santé et de l’Action sociale a été primée à Dubaï, mais cette distinction diversement accueillie par la presse sénégalaise et guinéenne. La décision qu'avait prise le Sénégal de fermer sa frontière avec son voisin qui a été très mal vécue en Guinée semble resurgir.

La Professeure Awa Marie Coll Seck a été désignée meilleure ministre de la santé, au Sommet mondial de la gouvernance qui se tient du 12 au 14 février à Dubaï. Mais le journal en ligue guinéen Guinee7 n’a pas caché sa déception face à la distinction obtenue par la ministre sénégalaise de la Santé.

En fait c’est l’objet de la distinction qui fait grincer des dents de l’autre côté de la frontière. Car Pr Seck a été récompensée pour sa politique sanitaire qui a permis de limiter l’épidémie Ebola au seul cas importé au Sénégal. Il s’agit d’un jeune étudiant guinéen qui est revenu de ses vacances après avoir contracté la maladie.

Cependant, le travail du département de la Santé ne s’est pas limité à cette épidémie surmédiatisée. Par exemple, le Sénégal a récemment adopté la Couverture maladie universelle (CMU), des progrès importants sont réalisés concernant la Santé de la reproduction, la gratuité des soins, l’introduction de vaccins.

Geste inamical

Cependant du côté de Conakry, on ne semble retenir que la fermeture par le Sénégal de la frontière pendant l’épidémie d’Ebola qui a fait plus de 2500 morts en Guinée.

Ainsi, « le Sénégal avait initié des patrouilles composées de la police, de la gendarmerie et de l’armée pour veiller à la fermeture de sa frontière», lit-on dans le journal en ligne Guinée7.com. Visiblement, ce dernier ne trouve pas de mots assez durs pour son rappel des faits. Il qualifie cette distinction de «prix d’ostracisme » et accuse « les autorités guinéennes d’avoir manqué de diplomatie et de leadership sur ce coup en favorisant Mme Eva Marie Coll Seck». Cette position semble relever davantage d’un procès d’intention que d’une analyse objective, même si la gestion de la santé n'est pas exempte de reproches au Sénégal. 

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Mais une chose est sûre, la décision du gouvernement de Macky Sall a considérablement refroidi les relations entre Dakar et Conakry. Ce prix décerné à 4700 km de la capitale sénégalaise semble réveiller une blessure à peine refermée. Du côté de Dakar, on préfère rappeler qu'on ne saurait réduire les relations entre les deux pays à cette mesure sanitaire. Il y a deux ans, dans l'émission "Senegaal ca kanam" (Le Sénégal en avant) sur 2Stv, Mohamed Yacine Diallo, président d'une association de Sénégalais d'origine guinéenne affirmait qu'on comptait 3,5 millions de Guinéens résidant au Sénégal ou ayant la double nationalité. 

Il convient de rappeler qu’entre décembre 2013 et janvier 2016, l’épidémie d’Ebola aura fait, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 28637 victimes dont 11315 morts. Pour sa part, la Guinée a connu 2500 morts, tandis que la Sierra-Leone et le Libéria ont respectivement enregistré 3900 et 4800 victimes mortelles. Toutefois, ce bilan est loin d’exhaustif selon l’OMS.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 14/02/2017 à 08h12, mis à jour le 14/02/2017 à 08h12