Les opérateurs de téléphonie soupçonnés d'avoir «détourné» 240 milliards de FCFA à l’Etat

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Le 18/05/2016 à 14h28

Doutant de la fiabilité des statistiques sur les appels internationaux que lui fournissent les trois opérateurs de téléphonie, l’ARTP a décidé de mettre en place un centre de supervision pour disposer de ses propres données. Le Sénégal pense être lésé de 240 milliards de FCFA depuis 2012.

Les trois opérateurs de téléphonie (Orange, Tigo et Expresso) présents au Sénégal trichent-ils avec l’Etat ? En tout cas, c’est ce que révèlent plusieurs médias sénégalais dont le quotidien privé «L’Observateur».Dans son édition du jour, le journal, propriété de l’artiste Youssou Ndour, conseiller à la présidence, révèle que malgré l’abrogation, depuis 2012, du décret des surtaxes sur les appels internationaux entrants, les trois opérateurs ont continué indûment à percevoir cette taxe.«C’est environ 240 milliards de FCFA (366 millions d'euros) qui ont été perdus par l’Etat depuis l’abrogation dudit décret en 2012. Les opérateurs chargés de collecter cet argent ne l’ont pas reversé à l’Etat», explique Momar Ndao, le président de l’Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN).«L’Observateur» soutient que les trois opérateurs se sont «partagés» cette manne financière qui devait tomber dans les caisses de l’Etat. «La hausse des tarifs internationaux prouve la violation (par les opérateurs) du protocole d’accord signé avec l’Etat du Sénégal en 2012, suite à l’abrogation du décret instituant un système de contrôle et de taxation des appels entrants», pointe le journal.Du côté des opérateurs de téléphonie, on balaie ces accusations. «La Sonatel a effectivement supprimé la surtaxe sur les appels entrants. Cela a été effectif aussitôt après l’abrogation du décret», explique Abdou Karim Mbengue, le directeur de la communication et des relations extérieures de la filiale de France Telecom.Des arguments vite balayés par le chargé des revendications du Syndicat des travailleurs de la Sonatel, Mouhamadou Lamine Badji : «Le constat est que les prix sur les appels entrants n’ont pas baissé».Pour en avoir le cœur net, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) a décidé de mettre en place son propre système de collecte des données pour s’assurer que les opérateurs ne lui fournissent pas des données non fiables. «Nous avons mis en place un centre de supervision pour superviser en temps réel l’ensemble des communications qui entrent et sortent du territoire national, (parce que) nous pensons qu’un régulateur sérieux gagnerait à avoir ses propres informations», explique Abdou Karim Sall, le DG de l’ARTP.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 18/05/2016 à 14h28