Sénégal: les opérateurs de téléphonie condamnés à payer plus de 30 milliards de Fcfa pour fraudes

Le 15/07/2016 à 11h06, mis à jour le 15/07/2016 à 12h39

En l'espace de quelques mois, la Sonatel a est condamnée à payer près de 50 millions de dollars ou 24 milliards de Fcfa au Trésor. L'opérateur français ne respecte pas la loi sur la mise en place de centres de relation clientèle. Tigo écope de 6,6 milliards de Fcfa de redressement.

Certaines entreprises traînent avec elles des pratiques d'une autre époque. Au Sénégal, deux opérateurs, le Français Orange et l'Américain Tigo ont fait de la dissimulation de leurs activités réelles leur sport favoris. Ils viennent d'être pris en flagrant délit de fraude, par la redoutable Agence de régulation des télécoms et des postes (Artp)."Nous avons constaté, au cours de nos missions de contrôle, que les deux opérateurs ne déclaraient pas régulièrement le nombre de leurs liaisons de faisceau hertzien (FH)", a déclaré Abdou Karim Sall, directeur général de l'Artp, qui donnait une conférence de presse aujourd'hui, jeudi 14 juillet 2016. Selon lui, la loi oblige les opérateurs à effectuer une déclaration préalable avant toute mise en service de station radioélectrique.Du coup, Orange devra s'acquitter d'une somme de 8,9 milliards de Fcfa en guise de redressement. Pour sa part, Tigo devra payer quelque 6,6 milliards de Fcfa pour les mêmes raisons.Sonatel habituée des faitsCe n'est pas la première fois que l'un des opérateurs est condamné par le régulateur sénégalais. En effet, dans le but de protéger les consommateurs, en juin 2014, l'Etat du Sénégal a adopté des dispositions obligeant les opérateurs à créer des centres de relation clientèle.En filigrane, il y a la volonté de l'Etat sénégalais de développer le secteur des centres d'appel. Mais Orange ne s'est pas plié à cette obligation et a immédiatement écopé d'une amende de 13,95 milliards de Fcfa, correspondant à 3% de son chiffre d'affaires réalisé en 2015. "Depuis, novembre 2014, nous mettons en garde Orange et l'avons appelé à respecter la loi", a souligné Abdou Karim Fall.Plusieurs fois sommée à respecter la loi"Nous lui avons d'abord envoyé une mise en demeure, ensuite nos agents assermentés ont effectué un contrôle, relevant les mêmes infractions", a-t-il ajouté. Puis dans un troisième temps, un huissier de justice a été commis par l'Agence pour constater les manquements. La "longue et laborieuse procédure" se termine par la transmission du dossier au Collège des télécoms qui a entendu la Sonatel.Quoi qu'il en soit en l'espace de quelques mois, la Sonatel a écopé de près de 24 milliards de Fcfa, soit 47 millions de dollars. L'Artp souligne au passage que l'audit concernant le troisième opérateur, à savoir Expresso, est en cours. Dans deux mois, elle rendra son verdict. Pour le moment, seul Tigo a commencé à s'acquitter de son amende. La Sonatel compte peut-être faire jouer le temps.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 15/07/2016 à 11h06, mis à jour le 15/07/2016 à 12h39