«Macky Sall, la révolution du solaire». C’est le message qu’on peut lire sur des dizaines de panneaux publicitaires qui peuplent, depuis quelques jours, les grandes artères de la capitale sénégalaise. Ce message traduit le cap emprunté par le gouvernement en matière d’énergie. En effet, le président Macky Sall a récemment inauguré deux centrales solaires photovoltaïques (Bokhol et Malicounda) de 20 MW chacune. Ce qui marque l’entrée du Sénégal dans l’ère des énergies propres : avant 2016, la Senelec ne disposait que de 42 MW d’énergie solaire en service.
Si l’on y ajoute la dizaine d’autres centrales solaires en cours de construction, cela donnera une puissance totale de 153 MW qui seront reversés sur le réseau de Senelec avant fin 2017.
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Avec la centrale éolienne de Taïba Ndiaye (150 MW), qui sera mise en service en 2018, et les 100 MW solaire du programme Scaling Solar, une initiative de la Société financière internationale (Groupe de la Banque mondiale), la Senelec totalisera, en 2019, une puissance totale de 253 MW de solaire et 150 MW d’éolien, soit près de 400 MW d’énergie renouvelable. Sans compter les projets de centrales en biomasse en discussion (à partir de la combustion de déchets, plantes), explique Abdoulaye Dia, secrétaire général de la Senelec dans une contribution publiée récemment dans la presse.
C’est un vrai progrès, si l’on sait que la puissance totale utilisable dans le parc de production de la Senelec en mars 2012 n’était que de 573 MW avec 66 MW de location. Aujourd’hui, la production est passée à 821 MW, soit près de 250 MW rajoutés à l’offre d’énergie existante. «Nous avons aujourd’hui une marge de 100 mégawatts tous les jours, sur une demande qui fatteint 560 mégawatts», se félicite Dia.
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Ces efforts ont permis de réduire drastiquement les coupures intempestives d’électricité. Même s’il y a toujours, çà et là, quelques «perturbations» à cause de la vétusté du réseau, cela n’a rien à voir avec les journées entières de black-out, dans certains quartiers, entre 2009 et 2012. Durant ces «années noires», la crise énergétique avait atteint une telle ampleur que le président Wade avait fait de la question la priorité des priorités. En plus d’avoir confié le portefeuille de l’énergie au «super-ministre», son fils, Karim, le seul capable, à ses yeux de relever le défi, Wade avait mis en place le Plan «Takkal» doté d’immenses moyens financiers, ponctionnés dans le budget des autres ministères. Un audit révèlera plus tard le peu d’impact que ce plan a eu sur la fourniture d’électricité, malgré l’abondance des ressources mobilisées en sa faveur.
Dès son arrivée au pouvoir, en 2012, Macky Sall semble avoir pris la mesure de la sensibilité de la question énergétique. On se souvient des fameuses émeutes de l’électricité qui ont marqué la fin de règne d’Abdoulaye Wade, contribuant à sa chute. Voulant marquer une rupture avec le passé, Macky a donc opté pour une vision globale et cohérente. Le plan d’actions prioritaires mis en place par la Senelec, dans le cadre du mix-énergétique, a eu un effet immédiat. De 900 heures en 2011, les coupures d’électricité sont passées aujourd’hui à moins de 80 heures par an, indiquent les responsables de la Senelec.
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Ce programme a aussi permis à la Senelec de se passer de la subvention de 100 milliards de francs CFA que l’État lui versait annuellement depuis 2006 pour permettre à l’entreprise d’amortir le coût de l’électricité.
75 millions d’euros de la BEI pour moderniser le réseau
Toutefois, l’accès des populations à une électricité de qualité et en quantité suffisante repose sur la capacité de la Senelec à assurer son transport et sa distribution tout en réduisant fortement les pertes induites par ces activités.
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C’est pourquoi, le gouvernement du Sénégal a conçu le Projet ‘’Senegal Electricity Modernisation’’ avec l’appui financier de la Banque européenne d’investissement (BEI) pour un montant de 75 millions d’euros (49 milliards de FCFA). Ce projet innovant s’articule autour de la densification et de l’extension du réseau de transport électrique, la modernisation des installations et des équipements de distribution de l’électricité, le raccordement de près de 144.000 nouveaux clients dans les zones urbaines et périurbaines de Dakar, Kolda, Dabo et Vélingara (Sud du pays), la pose d’au moins 450.000 compteurs à prépaiement et 30.000 compteurs intelligents, le financement des installations privées intérieures au profit de 25.000 ménages à bas revenus.
«La modernisation de notre réseau de transmission et de distribution d’électricité repose également sur le renforcement de son interconnexion. Ainsi, plusieurs réseaux actuellement isolés devront être raccordés au réseau interconnecté et, dans le cadre du Programme national d’urgence d’électrification rurale, de nombreuses zones rurales dans le pôle territoire de la Casamance seront électrifiées», a expliqué Amadou Bâ, le ministre sénégalais de l’Economie, des finances et du plan, lors de la signature de l’accord de financement avec Diederick ZAMBO, chef de division pour l’Afrique de la BEI, ce jeudi à Dakar.