Sénégal. Stations-services, les pétroliers locaux dénoncent des faveurs accordées à Total

DR

Le 29/11/2016 à 16h13, mis à jour le 29/11/2016 à 17h07

Le gel de l'implantation de nouvelles stations-service, mesure annoncée hier par le gouvernement, fait polémique. Les pétroliers sénégalais y voient une "faveur" faite au pétrolier français Total.

Lors de son passage à l'Assemblée nationale hier pour la session budgétaire, le ministre de l'Energie et du développement des énergies renouvelables, Thierno Alassane Sall, a annoncé le gel de l'implantation de nouvelles stations-service à Dakar. Le gouvernement justifie cette mesure par la "nécessité" de mettre de l'ordre dans la distribution de carburants.

Il faut dire que l'installation tout azimuts de stations-service dans la capitale sénégalaise, y compris dans des endroits densément peuplés, commence à inquiéter les populations.

La construction de nouvelles stations-service oppose régulièrement les promoteurs et les riverains. Comme ce fut le cas il y a trois ans à la Cité Lobatt Fall à l'entrée de Pikine. Après un long bras de fer avec les populations, le promoteur a finalement construit la station, mais a du renoncer à l'idée d'y intégrer une boulangerie.

Carburants toxiques exportés en Afrique: controverse et indignation au Sénégal

"Nous avons tous constaté la prolifération de stations-service dans les artères de la capitale (...) C'est pourquoi le Premier ministre nous a demandé de mettre de l'ordre dans le secteur", explique Thierno Alassane Sall. Au Sénégal, le contrôle des stations-service est assuré à la fois par les ministères de l'Environnement, de l'Energie, de l'Urbanisme et du Commerce.

Du côté des pétroliers on évoque une mesure "unilatérale" visant surtout à favoriser le français Total, leader de la distribution de produits pétroliers au Sénégal. "Le gouvernement ne nous a pas encore signifié la décision de geler les implantations de stations-service à Dakar, mais il ne doit pas prendre cette décision de manière unilatérale", dénonce Ameth Guissé, président de l'Association sénégalaise des pétroliers (ASP) dans les colonnes du quotidien "L'Observateur" de ce matin.

Sénégal: Shell et le scandale du carburant très toxique

Il estime que si l'Etat doit prendre une telle mesure, il doit revoir toutes les implantations, y comprises celles déjà existantes. "Après avoir laissé Total finir son implantation, le gouvernement veut interdire aux autres sociétés de s'implanter. L'Etat veut faire la part belle à Total au détriment des investisseurs nationaux", dénonce Ameth Guissé. Selon lui, il faut plutôt réguler au lieu de geler les implantations. Il invite l'Etat à revenir sur sa décision et à engager des discussions avec toutes les parties.

Il faut dire que Dakar, qui concentre 70% du marché de distribution des hydrocarbures, constitue un énorme enjeu.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 29/11/2016 à 16h13, mis à jour le 29/11/2016 à 17h07