Macky va à Paris, la Chine rappelle qu'elle est désormais le premier partenaire du Sénégal

Macky Sall se rend en France, la Chine rappelle qu'elle est désormais le premier partenaire commercial du Sénégal avec près de 2,2 milliards de dollars d'échanges par an. . DR

Le 19/12/2016 à 17h00, mis à jour le 19/12/2016 à 17h55

Dans sa concurrence avec Paris, comme premier partenaire économique et commercial du Sénégal, Pékin préfère faire parler les chiffres... Justement au moment où le président sénégalais effectue une visite d’Etat en France. Un timing bien choisi.

Cela aurait pu être une rencontre parmi tant d’autres. Mais dans le contexte actuel, le séminaire des médias sur la coopération sino-sénégalaise organisé, ce week-end à Saly Portudal, par l’ambassade de Chine à Dakar, avait un sens particulier. Le timing choisi n’est pas anodin. Alors que le président sénégalais est accueilli en grandes pompes, à Paris, pour une visite d’Etat à partir de ce lundi, l’ambassadeur chinois à Dakar n’a pas voulu laisser l’espace médiatique aux Français.

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Zhang Xun a profité de cette rencontre pour passer en revue le bilan de la coopération sino-sénégalaise et afficher les réalisations de la Chine au Sénégal. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes. En effet, les échanges commerciaux bilatéraux, entre le Sénégal et la Chine, ont dépassé le volume des 2 milliards de dollars, rien que pour les 10 premiers mois de l’année 2016, soit une hausse de 8,3% par rapport à l’année précédente

Les exportations sénégalaises vers la Chine ont également atteint un pic de 150 millions de dollars en 2016, soit une hausse de 49%. Des chiffres qui classent la Chine comme le premier partenaire commercial du Sénégal.

Pékin n’est pas en reste dans le domaine des infrastructures. La Chine a financé et construit le tronçon Aéroport international Blaise Diagne (AIBD)-Sindia (18 km) de l’autoroute à péage.

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Avec l’autoroute « Ila Touba », en cours d’exécution, la Chine aura réalisé 160 km d’autoroute au Sénégal d’ici 2020. Parmi les autres grands projets exécutés par des entreprises chinoises, on peut citer le pont de Foundiougne, dont les travaux démarreront en 2017, la construction de 250 forages, le Musée des civilisations noires, l’extension de l’hôpital des enfants de Diamniadio ou encore la construction d’un autre hôpital, pour les femmes, toujours à Diamniadio, etc.

Donc, on peut estimer que si Pékin choisit ce moment pour afficher ses réalisations et projets, c’est pour montrer aux autorités sénégalaises que la Chine est un partenaire important. Malgré l’attribution de plusieurs marchés du Train express régional (TER) Dakar-AIBD à des entreprises françaises (Alstom, Eiffage, etc.) au détriment des entreprises chinoises.

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C’est peut-être ce qu’on peut comprendre, entre les lignes, dans les propos de Zhang Xun : «La Chine tient ses engagements et les traduit en actes». Pour rester fidèle à ce crédo, China Road and Bridge (CRBC), qui exécute l’autoroute « Ila Touba », promet de livrer l’infrastructure avant l’expiration du délai d’exécution. Une manière, là aussi, de répondre à Engie Ineo/Thalés qui a promis de «respecter les délais» de réalisations du TER.

Cependant, la Chine ne trouve pas que des supporters au Sénégal. Dans Le jaune et le noir. Enquête historique (Gallimard, Collec. Continent Noirs, 2013, 180 p.), l’anthropologue et économiste franco-sénégalais, Tidiane N’diaye, se livre à une analyse décapante, sinon accablante, de la stratégie actuelle de «prédation», de «dévastation et de pillage» de l’empire du Milieu. Ce qui, selon l’auteur, s’apparente au jeu de go dont le principe consiste à conquérir ou à contrôler un maximum de territoires.

L’une des critiques les plus fréquentes à l’endroit de la coopération chinoise, c’est la faiblesse des emplois locaux générés par les projets exécutés par Pékin. Ainsi, les 40 entreprises chinoises installées au Sénégal n’ont créé que 3.000 emplois locaux.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 19/12/2016 à 17h00, mis à jour le 19/12/2016 à 17h55