Macky Sall s'est immiscé dans le conflit qui opposé Wari à Millicom et imposant son veto de chef d'Etat dans la vente de l'opérateur téléphonique Tigo. En effet, par le décret numéro 2017-1475 signé par Macky Sall himself et portant le contre seing du premier ministre, "est approuvée la cession de la licence d'établissement et d'exploitation des réseaux de télécommunications ouverts au public de la société Sentel GSM SA à Wari SA". Le décret dont une copie circule desormais'dans la presse est relayée par Confidentiel Afrique qui semble avoir la primeur de l'information.
Est-ce la fin de ce que l'on pourrait appeler le feuilleton Tigo-Wari? Sauf retournement de dernière minute, les jeux semblent faits pour Milicom et le consortium Teyliom-NJJ-Axian qui entendait voler la vedette à Wari. Ce qui est clair c'est que cette décision est comme un veto contre la vente de Tigo Senegal à des non Sénégalais.
Visiblement, cette décision devrait mettre fin à la polémique, parce qu'aucune cession n'est possible sans accord express du gouvernement du Sénégal représenté en l'espèce par l'Autorité de régulation.
Champions nationaux
Ici, le gouvernement sénégalais semble avoir mis en avant le fait que Wari appartient à un Sénégalais, Kabirou Mbodje, qui ne s'est pas associé à des étrangers pour l'acquisition comme c'est le cas de Yerim Sow. D'ailleurs, dans un communiqué, ce dernier le laisser entendre, en affirmant que Xavier Niel de Free et Hassan Hiridjee l'avait approcher pour être ses partenaires, mais en lui imposant une participation minoritaire de 5 à 10% seulement. Ce qu'il avait catégoriquement décliné.
«Wari dénonce l’attitude du consortium composé de NJJ de Xavier Niel (Free) et de Sofima (Axian Group d’Hassan Hiridjee qui, à plusieurs reprises, a tenté de faire échouer cette acquisition par Wari». Toutefois, «Wari regrette que des opérateurs économiques sénégalais s’associent à des manœuvres visant à le discréditer». Le groupe de Kabirou Mbodj fait ainsi allusion à Yérim Sow, l’associé de Xavier Niel dans cette affaire.
C’est avec surprise que Wari a pris note du communiqué annonçant que «le Groupe Millicom a exercé ses droits de résilier l’accord de cession de sa filiale Tigo au Sénégal au groupe Wari». La société sénégalaise de services financiers avait publié à ce document pour «rejeter catégoriquement » la rupture unilatérale du contrat le liant, depuis février 2017, avec le groupe Millicom.
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Délai jusqu'au 30 septembre
Selon ce communiqué, «Wari a respecté tous ses engagements dans le cadre de cette acquisition du deuxième opérateur de téléphonie sénégalais, en payant le déposit initial et en conduisant une due diligence contractuelle de neuf mois qui devait déboucher sur un paiement du reliquat en cas de diagnostic concluant».
Ce qui parait évident pour des observateurs avertis, c’est que vu l’importance des sommes d’argent engagées (129 millions de dollars), un groupe aussi structuré que Wari ne saurait s’engager dans cette vente sans l’expertise d’un opérateur de télécommunication. Ainsi, précisait la société dirigée par Kabirou Mbodj, «Dans le cadre de cette due diligence, Wari s’est attaché les conseils d’un opérateur de télécommunication d’envergure internationale pour un avis indépendant».
Kabirou Mbodj et son groupe Wari campaient sur leur position et n’entendaient pas céder devant Teyliom appartenant au milliardaire sénégalais Yérim Sow. « Avec son partenaire technique et financier, Wari maintient sa volonté de respecter les délais et les processus sur lesquels l’accord avait été conclu», lit-on sur le communiqué. A en croire la direction de la société, Wari n’avait pas encore dépassé les délais qui sont fixés au 30 septembre, «conformément aux engagements de sa banque partenaire».