Sénégal. Port de Dakar: 15 jours de perturbations qui paralysent l'économie

Le Port Autonome de Dakar. DR/

Le 28/09/2017 à 15h36, mis à jour le 28/09/2017 à 15h53

C'est une grave situation de crise que vit le port de Dakar au point que le gouvernement a convoqué une réunion de crise. L'interminable grève des transporteurs empêche des entreprises de livrer leur production, des navires sont en rade alors que d'autres ne font plus escale à Dakar.

Depuis une quinzaine de jours, les activités du port de Dakar sont perturbées par une grève interminable du Collectif des transporteurs de conteneurs agréés qui dénoncent des règles de facturation qui seraient de nature à favoriser leurs concurrents étrangers. Ils fustigent en particulier l'arrêté interministériel n° 6365 du 10 juin 2009, relatif au transport et à la détention des conteneurs.

Cette situation est telle qu'elle se répercute sur tous les autres acteurs au niveau du port de Dakar. Ainsi, les transitaires se sont exprimés sur la radio Futures Médias hier pour se plaindre de ce blocaque et de ses conséquences. "Cette grève risque d’affecter nos opérations et d’entrainer des frais supplémentaires pour notre clientèle", dénonce Didier Bertay, directeur de la filiale Sénégal du transitaire AGS Fraser. 

Actuellement plusieurs navires sont en rade au port de Dakar, ce qui est synonyme de frais supplémentaires. Certains bâtiments commerciaux ne prennent même plus la peine de s'arrêter sur Dakar, ils préfèrent poursuivre leur route vers San Pedro, Lagos, Banjul, Nouakchott, Conakry et les autres ports de la sous-région. A termes, le manque à gagner risque d'être très élevé. 

Le mot d’ordre de grève des transporteurs de conteneurs du port de Dakar, décrétée depuis le vendredi 15 septembre, porte un coup dur à toute l’économie du pays. Cette situation de crise survient quelques jours après la nomination d’Ababacar Sadikh Dièye, au poste de directeur général du Port autonome de Dakar (PAD), en remplacement de Cheikh Kanté. Même s’il n’est pas encore installé, le nouveau directeur devra entamer ses nouvelles fonctions par des négociations pour la reprises des activés au PAD.

Il y a une semaine, une réunion d’urgence s'est tenue entre Omar Guèye, ministre de la Pêche et de l’économie maritime, Djiby Diallo, sous-préfet de Dakar Plateau, et les représentants des transporteurs. Elle devait ouvrir des discussions sur les revendications des professionnels concernés en vue d’arrondir les angles entre les deux parties. A la sortie de cette réunion, la grève avait été suspendue, momentanément, avant de reprendre. 

Selon les transporteurs sénégalais, cet arrêté privilégie les multinationales avec la complicité de l’Etat. Ils sont ainsi victimes d’une mise à l'écart dans leur propre pays. Les grévistes contestent également la congestion du port et le manque de considération dont ils sont victimes au PAD.

Il convient de rappeler que l’arrêté de 2009 dispose, dans son article 5 que, «pour les conteneurs en continuation vers les pays limitrophes suite à un «connaissement Dakar», la location est fixée pour une durée de 23 jours, dont 2 jours de franchise, à partir de la mise à disposition du conteneur». Pour les conteneurs de 20 pieds, la location est fixée à 90.000 francs Cfa, hors TVA, et à 150.000 pour les conteneurs de 40 pieds.

Mais la plus grande contrainte vient surtout des pénalités à payer, et surtout celles fixées par l’article 7, «en cas de détention prolongée en violation» des règles fixées. Selon cet article, dépassée la durée de détention autorisé, le transporteur devra payer un supplément de «15.000 francs Cfa hors taxe par jour» pour les conteneurs de 20 pieds. Tandis que, pour les conteneurs de 40 pieds cette pénalité atteint «25.000 francs Cfa hors TVA par jour». Et pour la remorque, le supplément est fixé à «25.000 francs Cfa (soit 40 euros) par jour».

Des règles de locations jugées trop contraignantes:

Dans son article 6, l’arrêté précise que, «les zones de livraison et les délais de franchise sont délimités et fixés qu’il suit»:

A. Région administrative de Dakar :

A1. Transport d’une des trois zones portuaires jusqu’à un rayon de 18 km ou inversement : 12 heures.

A2. Au-delà de 18 km : 15 heures.

B. Régions périphériques Matam, Tambacounda, Kédougou, Kolda, Sédhiou, Ziguinchor en plus du Département de Podor : 5 jours ;

C. Autres régions sauf département de Podor : 3 jours ;

D. Pays limitrophes Gambie, Guinée Conakry, Guinée Bissau, Mali et Mauritanie : 21 jours.

E. Au-delà de ces périmètresles délais sont négociés entre les parties.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 28/09/2017 à 15h36, mis à jour le 28/09/2017 à 15h53