Sénégal: 6 mois après son inauguration, le Train express régional n'est toujours pas opérationnel

Le Train Express Régional

Le Train Express Régional . DR

Le 21/06/2019 à 14h06, mis à jour le 21/06/2019 à 14h07

L’exploitation commerciale du TER, pourtant annoncée pour le 14 juin dernier, ne sera possible que l’année prochaine. L’Etat du Sénégal a des difficultés à réunir les 60 milliards de FCFA nécessaires aux chantiers, les 20 milliards de dettes aux entreprises et 5 milliards de dédommagements.

Le démarrage opérationnel du Train express régional (TER), inauguré en grande pompe le 14 janvier 2019, pour les besoins de la campagne électorale de Macky Sall, ne se fera qu'au début de l'année 2020.

C’est du moins ce que vient d’admettre, Oumar Youm, ministre sénégalais des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, chargé du Réseau ferroviaire.

En effet, le gouvernement du Sénégal déjà asphyxie par une dette intérieure qui dépasse 1000 milliards de francs Cfa, n’arrive pas à réunir les 60 milliards de FCFA qu’il doit au consortium des entreprises engagées dans les travaux.

Pire encore, reconnait Oumar Youm dans une interview sur la chaîne TFM, «il y a une dette d’une vingtaine de milliards vis-à-vis des fournisseurs du TER et de 5 milliards dues aux populations impactées par les travaux».

Malheureusement, la plupart de ces entreprises ont été contraintes de mettre leurs employés au chômage technique, ou de les affecter sur d’autres chantiers. 

Pour le moment, l'unique partie du projet qui est définitivement opérationnelle est l'ancienne gare ferroviaire de Dakar, qui est aujourd'hui réhabilitée dans le respect de son architecture patrimoniale.

Toutefois, lors de sa visite, le samedi 15 juin dernier, soutient-on paradoxalement au niveau de l’APIX, maitre d’œuvre des chantiers du TER, «le président Macky Sall a annoncé que l’Etat préparait le chantier à sa "certification"».

Le Chef de l’Etat aurait pris cette décision après avoir visité «les sites fonctionnels, le parc de matériel roulant, la plateforme des services de la gare, les ouvrages de franchissement et hydrauliques, et la station de traction électrique».

Néanmoins, une visite des chantiers permet de constater que les travaux sont à l’arrêt sur la quasi-totalité du projet du TER.

A titre d’exemple, les travaux n'ont toujours pas débuté sur le site de la nouvelle gare de Thiaroye, les ponts situés sur l’axe Rufisque-bargny, qui sont déjà ouverts à la circulation, sont dégradés.

Cette situation qui laisse à penser que pour les besoins de leur inauguration à quelques jours du démarrage de la campagne électorale, il y a eu une certaine précipitation.

Le président Macky Sall a toutefois promis aux chefs d’entreprises qui étaient présents lors de sa visite des chantiers, que ceux-ci seront payés, sans toutefois préciser les délais.

Car selon Thierno Alassane Sall, ancien ministre de l’Energie, actuellement dans l'opposition, «Macky Sall a mis le Sénégal dans une situation économique désastreuse, à cause d'une campagne électorale onéreuse». 

Ces révélations inquiètent les habitants des localités de Rufisque et de Bargny, traversées par le TER, qui souhaitent que les travaux reprennent.

Ces habitants craignent de se retrouver dans une situation invivable, à l’approche de la saison des pluies, alors que les rails déjà posés sur tout le trajet coupent certains quartiers en deux, sans qu'il n'y ait eu, pour autant, l'installation de passages à niveau ou de ponts. 

Par Mamadou Awa Ndiaye (Dakar, correspondance)
Le 21/06/2019 à 14h06, mis à jour le 21/06/2019 à 14h07