C’est par courrier en date du 27 décembre 2019 que les autorités sénégalaises ont officiellement notifié à Adama Bictogo et Cie la résiliation du contrat le liant à l’homme d’affaires ivoirien relatif à la construction de l’université Amadou Mahtar Mbow de Diamniadio.
Le quotidien sénégalais Libération révèle que 30 milliards de Fcfa ont été décaissés pour cette université fantôme qui devait être fonctionnelle... en octobre 2017.
Une information qui vient contredire la version de Bictogo qui, depuis Abidjan, déclarait: "Je voudrais d’abord m’inscrire en faux contre cette information erronée publiée par le journal sénégalais Libération, pour dire qu’on continue de travailler sur le chantier. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que depuis pratiquement neuf mois, nous sommes en négociation de réévaluation avec le gouvernement sénégalais".
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L'homme d'affaires explique les raisons de cette révision nécessaire afin qu'il puisse rentrer dans ses frais en avançant la nature du sol où est batie l'université; "Je vous donne un exemple. Rien que pour une fondation qui devait être conçue conformément aux normes standards, on a dû faire face à un sol argileux. Naturellement pour construire une université, il fallait donc faire des fondations plus solides. Nous sommes passés à des fondations qui nous ont coûté 15 milliards FCFA. Donc, il y a eu un surcoût".
Partant, l'homme d'affaires ne compte pas supporter à lui tout seul ce surcoût. "On a pris sur nous de refaire l’étude. Pendant la réalisation de l’étude, on s’est rendu compte que le projet était sous-évalué. Néanmoins, nous avons, à ce jour, réalisé environ 35% des travaux".
C'est dans ce cadre que Bictogo a annoncé avoir rencontré en juin dernier les autorités sénégalaises, notamment le ministre des Finances et le ministre de l’Enseignement supérieur, pour leur dire que le projet est sous-évalué et qu’il leur est difficile de continuer la construction de l’Université sur une surface de 250.000 m2 alors qu'initialement cette construction était prévue uniquement sur 128.000 m2, soit la moitié.
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Seulement, les faits sont têtus et la suite des évènements a montré le malaise profond qui existait entre Bictogo et l’Etat du Sénégal.
En effet, le ministère de l’Enseignement supérieur a tout simplement résilié le contrat de Bictogo et compagnie. Selon nos confrères de Libération, l’homme d’affaires ivoirien s’apprêterait à saisir la justice pour exiger réparation de la part de l’Etat pour le «préjudice subi». Ce que Marylis BTP confirme d’ailleurs dans un communiqué publié hier, dans lequel la société «réfute les motifs allégués» indiquant que «pour la sauvegarde de ses intérêts», elle a décidé «d’en référer à ses conseils».
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Ce n’est pas le premier scandale entre Bictogo et l’Etat du Sénégal. En 2016, l’homme d’affaires ivoirien avait empoché 12 milliards de Franc CFA en guise de «dommages et intérêt» suite à la résiliation à l’amiable du contrat qui les liait depuis février 2013. Le gouvernement du Sénégal avait scellé avec la société de Bictogo une convention de concession de 6 ans pour la production de visas biométriques, obligatoires pour l’entrée au Sénégal. Considéré comme un obstacle à la relance du secteur touristique, l’Etat du Sénégal avait fait marche arrière.
Bictogo, qu'on dit proche du président ivoirien Alassane Ouattara, va t-il une fois encore se sucrer sur le dos de l'Etat du Sénégal?