Sénégal: voici les mesures prises pour atténuer les effets économiques négatifs du coronavirus

Amadou Hott, ministre sénégalais de l'économie. DR

Le 22/03/2020 à 15h38, mis à jour le 22/03/2020 à 15h40

On se dirige vers une crise économique mondiale à cause de la propagation du Covid-19. Les autorités sénégalaises essayent de prendre les devants avec une batterie de mesures visant à éviter au pays de sombrer dans une crise économique à l'issue incertaine.

Le ministre sénégalais de l'Économie, du plan et de la coopération, Amadou Hott, a animé une conférence de presse qui portait sur "Les conséquences du coronavirus sur l'économie nationale et les mesures du chef de l'État pour accompagner les ménages, de même que les secteurs d'activité les plus touchés".

La rencontre, qui s’est tenue à la Direction générale de la planification et des politiques économiques, a permis à l’autorité d’annoncer les deux décisions majeures à même de rassurer les Sénégalais, en particulier les acteurs du secteur privé, dont les activités sont les plus touchées par le coronavirus.

"Considérant l’évolution de la pandémie au Sénégal et son impact sur l’économie, le président Macky Sall a pris, lors du Conseil des ministres du mercredi 18 mars 2020, des mesures fortes pour soutenir l’économie", a rappelé le ministre.

Parmi ces mesures figure la mise en place d’un fonds de riposte et de solidarité contre les effets du coronavirus, dénommé "Force Covid-19", pour soutenir les secteurs affectés afin d’atténuer les effets négatifs de l’épidémie sur la croissance et les emplois.

"Ce fonds proposera une batterie de mesures. Notamment, en termes d’accompagnement des secteurs affectés par la pandémie, tels que le tourisme, le transport aérien, les chaînes d’approvisionnement du commerce formel et informel, et de l’industrie, dans le sens de préserver les emplois et d’atténuer les répercussions sociales de la crise", a exliqué le ministre.

Les autorités comptent mobiliser les fonds

Le gouvernement du Sénégal, a indiqué le ministre, "compte mobiliser des ressources à travers son budget, les partenaires au développement, les dons d’entreprises, de fondations et de bonnes volontés. En outre, le gouvernement, en coordination avec les ministres en charge de l’économie et des finances de l’UEMOA, travaille avec les institutions sou-régionales, notamment la BCEAO, la commission de l’UEMOA et la Boad (Banque ouest-africaine de développement) pour identifier une forme de soutien aux États et au secteur bancaire de l’Union (UEMOA)".

Hott a également annoncé la tenue d’une rencontre des ministres de la sous-région en charge de l’Economie et des finances. "Nous tiendrons incessamment, une réunion du conseil des ministres de l’UEMOA pour examiner les mesures d’accompagnement des institutions de l’Union", a t-il souligné.

Quant à la taille du fonds que ses collègues et lui entendent mettre en œuvre, le ministre de l’Economie a précisé qu’elle "dépendra des besoins identifiés sur la base des études, des évaluations et des enquêtes conduites par les différentes structures de l’Etat en collaboration avec les acteurs économiques et nos partenaires. Des concertations avec les principaux acteurs de notre économie et avec nos partenaires seront lancées incessamment et dès demain (vendredi 20 mars 2020)".

La création d’un Comité de croissance et de veille économique Covid-19 vise notamment à anticiper les répercussions économiques directes et indirectes de la crise du Covid-19 sur l’économie nationale. Ce comité qui sera composé de représentants des ministères, du secteur privé et de la BCEAO, se réunira autant de fois que de besoin et soumettra des propositions au Conseil des ministres. "Ce dispositif de suivi rapproché des répercussions potentielles du Covid-19 sur l’économie nationale nous permettra de prendre les décisions idoines partagées sous forme de points économiques avec vous (presse, Ndlr)"..

Le ministre a signalé que des projections ont été faites pour avoir une idée de ce qui pourrait être la conséquence de la pandémie sur l’économie nationale. Selon lui, c’est sur la base de projections réalisées par son département, que ses collaborateurs et lui ont su "que cette crise touchera tous les secteurs de l’économie nationale. À cela s’ajoutera les conséquences de la crise épidémiologique en Europe et dans le monde sur les revenus de nos travailleurs émigrés. Il est, par conséquent, à craindre une chute des envois de fonds de travailleurs émigrés", communément appelés "Modou-Modou".

Ce qui est à craindre concernant les activités des "Modou-Modou"

Le transport aérien, notamment Air Sénégal, l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) et toutes les structures autour de cette plateforme et par conséquent le tourisme, c’est-à-dire les sociétés d’hôtellerie, les restaurants et agences de voyage avaient plus de 1,6 million de visiteurs par an.

Ils seront fortement impactés par la suspension des vols en provenance et à destination des pays touchés par la maladie, gros pourvoyeurs de touristes.

Ainsi, "une propagation de la pandémie entraînera une baisse significative du chiffre d’affaires des entreprises offrant des services aux touristes avec des conséquences sur les emplois et la demande en biens et services des fournisseurs du secteur du tourisme et du commerce", a averti Amadou Hott, mais il a tenté de rassurer les acteurs desdits secteurs.

Dans ses propos, le ministre a également tenu à "réaffirmer que le gouvernement reste mobilisé dans la solidarité pour préserver la santé des populations et soutenir l’économie. L’élan de solidarité nationale déjà amorcé doit être maintenu et élargi. Ensemble, notre pays sera très fort pour venir à bout de l’épidémie et de ses effets négatifs sur notre économie. Avant la crise, nos fondamentaux économique étaient très solides pour nous permettre de (nous) relever de cette crise", conclut-il.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 22/03/2020 à 15h38, mis à jour le 22/03/2020 à 15h40