Sénégal: un plan de relance de 25 milliards de dollars

Macky Sall et son gouvernement. Dr

Le 30/09/2020 à 08h55, mis à jour le 30/09/2020 à 15h19

Le président Macky Sall a annoncé un ambitieux programme pour remettre l’économie sur les rails. La seule question qui se pose est celle de savoir d’où viendront les ressources nécessaires.

Pour un pays dont le PIB est autour de 25 milliards de dollars, plan de relance ne pouvait être plus ambitieux que celui que projette le président Macky Sall. Ce mardi 29 septembre en conseil présidentiel tenu à Diamniadio non loin de Dakar, en présence des chefs d’entreprises et de l’ensemble de ses ministres, le chef de l’Etat sénégalais a sorti le grand jeu, comme s’il était en campagne pour l'élection présidentielle avec des promesses qui ont interloqué son audience, tant les chiffres donnent le tournis.

Il compte mobiliser quelque 15.000 milliards de Fcfa, soit 22,4 milliards d’euros ou 25 milliards de dollars ou presque autant que le PIB du pays. Pour l'occasion, il a adopté une attitude d’entraîneur sportif et pas n’importe lequel. On dirait entendre Jose Morinho, le célèbre entraîneur de nationalité portugaise, actuellement à la tête du club britannique de Tottenham Hospur.

«Après la défense, il faut passer à l’attaque», a-t-il dit, faisant ainsi allusion à la relance de l’économie après la riposte contre la pandémie qui s’apparentait à un repli défensif.

Pour la circonstance c’est son ministre de l’économie qui lui a servi de coach adjoint. Il faudra selon ce dernier : «Premièrement, accélérer la souveraineté alimentaire en renforçant notre autonomie sur les produits de base et nous sommes sur la bonne voie, en particulier sur le riz. La souveraineté sanitaire et pharmaceutique, l'industrialisation de l'économie, la transformation digitale de l'économie... ».

Mais ses détracteurs et la société civile semblent d’ores et déjà dubitatifs. On reproche à ce plan de ne rien prévoir ou très peu pour les secteurs connexes indispensables à toute relance, à savoir la recherche et l’innovation, l’éducation, la formation et les structures de santé, l’accompagnement de la jeunesse et des femmes, etc. C’est en tout cas le sentiment de Fassory Diawara, un membre de la société civile.

Mais Macky Sall revient à la charge et affirme avoir «les pieds sur terre» et non «dans les nuages». «Nous allons reprendre la croissance de 5, 2% dès l’année prochaine, 7,2% en 2022 et en 2023 si toutes les conditions sont réunies, le pays va atteindre pour la première fois une croissance à deux chiffres, notamment 13, 7 %», a-t-il dit avec insistance.

Evidemment, la question principale est celle de savoir d’où viendront ces 15.000 milliards de Fcfa pour un pays dont le niveau d’endettement atteint déjà l’équivalent de 64% de son PIB et qui voit s’éloigner ses perspectives pétrolières à cause du Covid-19. Les partenaires économiques et financiers sont tout autant confrontés à la crise que le Sénégal. Quand il a fallu procéder à l’annulation de dette, comme le président Sall n’a cessé de le demander depuis le début de la Crise. Ils ont dit «non» préférant un simple moratoire d’une année seulement.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 30/09/2020 à 08h55, mis à jour le 30/09/2020 à 15h19