Sénégal: imams et prédicateurs s'opposent à la fermeture des écoles Yavuz Sélim

Erdogan et Macky Sall

Erdogan et Macky Sall. DR/

Le 16/09/2017 à 11h32, mis à jour le 16/09/2017 à 12h03

Les 3.000 élèves du réseau des écoles Yavuz Selim au Sénégal devront attendre pour se réinscrire. Le ministre de l’Education nationale recommande aux parents d’élèves de ne pas inscrire leurs enfants dans les écoles. Mais les familles religieuses de Touba et de Tivaouane plaident leurs causes.

Les écoles Yavuz Selim bénéficient d’un soutien de taille. Des membres des deux grandes familles religieuses de Touba et de Tivaouane, de certaines organisations islamiques et de l’Eglise catholique plaident en leur faveur.

Ahmed Tijane Sy, fils du khalife général des Tijanes et Ahmed Saloum Dieng, représentant du khalife général des mourides prennent le contre-pied du ministre de l’Education nationale qui demande aux parents d’élèves de ne pas inscrire leurs enfants dans les écoles Yavuz Selim.

Ces soutiens viennent renforcer ceux de L’abbé George de l’Eglise catholique, de la ligue des imams et prédicateurs du Sénégal ainsi que celui de la Fédération nationale des écoles coraniques du Sénégal qui, eux aussi, sont contre la fermeture des écoles turques.

Profitant de la cérémonie de prières et de récitation du Coran dans l’enceinte d'une école Yavuz Selim, ces chefs religieux ont sommé l’Etat de revoir sa position concernant la fermeture des écoles turques en activité au Sénégal depuis 1997. Selon eux, «l’Etat ne doit pas nuire aux intérêts de son peuple». Au contraire, il est en charge de «les préserver», et cela, peu importe le prix.

S’adressant aux autorités, l’imam Ahmet Dame Ndiaye, secrétaire général de la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal a rappelé que Yavuz Selim est «un groupe qui a fait ses preuves au niveau des concours et examens organisés par l’Etat du Sénégal». Au vu des résultats obtenus par ces écoles, le chef religieux a qualifié Yavuz Selim «d’établissement d’utilité publique». Par conséquent, c’est un devoir pour lui, «de le défendre même s’il n’a pas les moyens d’y amener ses enfants».

Poursuivant son raisonnement, le prédicateur soutient aussi que «le rôle du gouvernement n’est pas de penser à la place du peuple. Parce qu’un président est élu par le peuple, «il doit, avec les membres du gouvernement, traduire en en actes les aspirations et volonté du peuple et non imposer sa vision». Pour ce qui est de la vie politique du Sénégal et des convictions religieuses des Sénégalais, l’imam Ahmet Dame Ndiaye estime que «les dirigeants de écoles Yavus Selim ne s’y sont jamais immiscés». Ils ne constituent pas, selon lui, «une menace pour la stabilité du pays», a-t-il conclu.

Abondant dans le même sens, Ahmed Tijane Sy, le fils de Serigne Abdoul Aziz Sy al Ibn a, pour sa part, recommandé à l’Etat du Sénégal de «revoir sa décision et de laisser la gestion de ces écoles aux turcs». Il a par ailleurs précisé que «ce ne sont pas des activistes qui parlent, mais des citoyens et des musulmans qui observent la situation du pays et qui demandent à l’Etat de ne pas avoir de parti-pris».

Revenant sur la légalité dont doit faire preuve les autorités, Ahmet Saloum Boye avait au préalable insisté sur le fait que, «l’Etat ne doit pas prendre les biens de quelqu’un pour les accorder à autrui». «Si les étrangers veulent investir dans l’éducation au Sénégal, ils doivent ouvrir leurs propres écoles et non pas s’accaparer du patrimoine de Yavuz Selim», a-t-il martelé.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 16/09/2017 à 11h32, mis à jour le 16/09/2017 à 12h03