Le Sénégal toujours dans le viseur des groupuscules terroristes

Le 05/01/2018 à 16h47, mis à jour le 05/01/2018 à 16h49

Après plusieurs attaques perpétrées dans les pays d'Afrique de l'Ouest depuis 2015, les groupuscules djihadistes du Sahel nourrissent l'idée d'un attentat sur le territoire du Sénégal, pays symbole à plusieurs titres.

Encore indemne après une série d’attentats ayant touché ses voisins d’Afrique de l’Ouest, le Sénégal reste dans le viseur des groupuscules djihadistes, dont une série d’actes violents visant le territoire ont été déjoués au cours des derniers mois.

Ainsi, selon les informations de Dakaractu, "Ansar Dine projetait de s’attaquer à des cibles bien déterminées au Sénégal, mais aussi en Gambie". Ils avaient même fixé la date symbolique du 4 avril 2017, jour de l’indépendance du Sénégal, pour passer à l’acte. Ils n’ont pu le faire. Mais ce n’est pas faute de disposer d’hommes et d’armes à suffisance.

Le site parle d'une rencontre entre Mokhtar Belmokhtar et Diokhané, un présumé terroriste détenu dans la capitale sénégalaise, au même titre que l’imam Alioune Badara Ndao et d'autres individus qui doivent répondre d'actes de terrorisme, financement du terrorisme et association de malfaiteurs à objet terroriste, dont le procès a été renvoyé au 14 février prochain.

D'après le média en ligne, les djihadistes détenaient 500 kilogrammes de C4 pour fabriquer des explosifs. Le 1er septembre dernier, jour de la Tabaski, ils projetaient de commettre un attentat à Dakar. Leurs échecs s’expliquent par la surveillance accrue des échanges entre djihadistes par les services de sécurité sénégalais. En effet, un dispositif de cyber surveillance a été mis en place.

Pourtant, Ansar Dine croyait avoir pris toutes les précautions pour un coup d’éclat. La détermination des hordes enturbannées sanguinaires s'est à nouveau illustrée lors de l'épisode «des faux passeports confectionnés pour un commando de 4 hommes qui devait séjourner dans le Sud du pays en attendant les directives de leurs chefs».

Dans le milieu djihadiste, la rhétorique est simple: «Nous ne devons pas commettre les mêmes erreurs que l’imam Alioune Badara NDao, détenu pour association de malfaiteurs. Nous ne sommes pas des terroristes, nous sommes des combattants de l’Islam».

Par ailleurs, il ressort des procès-verbaux d’enquête préliminaire et notamment de l’audition de Makhtar Diokhane, que ce dernier a rencontré l’un des précurseurs du djihad dans la sous-région sahélienne Mokhtar Belmokhtar, le Ben Laden du Sahara, au cours de l’année 2011. «Diokhane quittait la Mauritanie par bus pour rejoindre Kidal en passant par Gao. La rencontre avec le chef d’Al Mourabitounes s’est déroulée hors de la ville de Kidal».

Une entrevue à laquelle pourrait avoir assisté le Mauritanien Abou Ibrahim. Cet homme, qui porterait une autre identité, sous l’appellation de Hacène Ould Khalil, était considéré à l’époque comme le bras droit de Belmokhtar.

Tous ces éléments laissent présumer que le dossier actuellement devant la justice relève de la sécurité de l’Etat. Pour en comprendre les enjeux, il suffirait de rappeler ces propos d’Iyad Ag Ghaly, dans un entretien accordé au journal Al Massar publié le 3 avril 2017 et dans lequel il explique: «Nos ennemis sont les ennemis des musulmans, les juifs, les chrétiens, mais c’est la France qui reste notre ennemi historique dans cette partie du monde islamique. La France et ceux qui l’aident, comme l’Amérique, l’Allemagne, la Suède et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest qui les ont rejoints: le Mali, Tchad, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger et le Sénégal».

Une cinquantaine de présumés djihadistes sont actuellement détenus dans les prisons sénégalaises.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 05/01/2018 à 16h47, mis à jour le 05/01/2018 à 16h49