Les partis politiques de l’opposition ont unanimement rejeté tout projet de loi modifiant le Code électoral en y introduisant le parrainage. Ils ont appelé à se rassembler, le 19 avril, devant l’Assemblée nationale pour empêcher à «la majorité mécanique de Macky Sall» de faire passer ce projet de loi en séance plénière. De son côté, le président Macky Sall campe sur sa position et veut impérativement imposer le parrainage aux candidats à la prochaine présidentielle.
Il faut noter que, dans un pays où il existe près de 300 partis politiques, le gouvernement du Sénégal entend réduire le nombre de candidats lors de la future présidentielle. Le projet de révision de la loi électorale vise à exiger à chaque candidat de collecter 60.000 signatures de citoyens inscrits sur les listes électorales, soit 1%. Auparavant, seuls les candidats indépendants étaient soumis à cette règle qui était limitée à 10.000 signatures seulement. Mais si la loi passe, même les candidats investis par les partis ou coalitions de partis devront présenter une liste de parrainage.
«Ils ont déjà allumé un grand brasier. Et si on ne fait pas attention avec ces derniers, le 19 avril prochain, les choses dépasseront de loin ce que nous avons vécu le 23 juin 2011», a lancé Mamadou Diop Decroix, leader de «And Jef-PADS». «Avec ce que Macky Sall est en train de faire passer le 19 avril prochain, tout candidat perdra. Nous n’avons aucune contre-proposition à ce projet. Ce que nous voulons, c’est son retrait et rien d’autre», a-t-il précisé.
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Cette position est partagée par Mamadou Lamine Diallo, initiateur du mouvement «Tekki» qui a reçu des médiateurs dirigés Alioune Tine, président du Rassemblement africain pour la défense de droits de l’Homme (RADDHO). «Que Macky Sall retire le projet de loi sur le parrainage. S’il souhaite aussi discuter des questions électorales, qu’il soit beaucoup plus sérieux. S’il ne le retire pas et veut faire du forcing, nous ferons face avec le peuple», a-t-il averti.
Dans la même veine, maître El Hadji Diouf, leader du Parti des travailleurs et du peuple, est allé jusqu’à prédire une défaite de Macky Sall aux présidentielles sénégalaises qui auront lieu dans 11 mois. «Ils ne veulent pas quitter le pouvoir, mais ils quitteront le pouvoir inch'Allah. Ils étaient venus par accident et ils partiront par accident Inch'Allah», a-t-il soutenu.
Macky Sall très attaché à « son parrainage ».
La médiation, initiée par certains membres de la société civile pour arrondir les angles entre le président Macky Sall et les membres de l’opposition à propos du projet de loi sur parrainage, n’a pas encore donné de résultat.
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Conduite par Abdou Mazid Ndiaye du Groupe de recherche et d'appui-conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (GRADEC) et les professeurs Malick Ndiaye et Babacar Gaye et de Mamadou Mignane Diouf du Forum social sénégalais, une délégation de la société civile a rencontré le président Macky Sall et Moustapha Niasse, président de l’Assemblée nationale. Mais le président Macky Sall leur a fait savoir qu’il ne reculera pas sur le projet de loi sur le parrainage.
Toutefois, il semblerait ouvert à des discussions sur les modalités de son application. Une commission ad hoc composée des membres du parti au pouvoir, des leaders de l’opposition et de la société civile pourrait ainsi être mise en place.
C’est donc un dialogue de sourds qui s’est établi entre Macky Sall et les leaders de l’opposition. Et au rythme où vont les choses, on s’achemine tout droit vers des affrontements entre les deux partis qui rappellent les événements du 23 juin 2011.
Pour rappel, le 23 juin 2011, de nombreux citoyens sénégalais avaient manifesté leur opposition au «ticket présidentiel». C’est le nom que l’opposition sénégalaise donnait au projet de loi voulant créer un poste de vice-président au Sénégal, sur proposition de l’ex-président Abdoulaye Wade.
Le peuple sénégalais était alors sorti en masse pour s’opposer à la création d’un poste de vice-président. Selon lui, ce poste était taillé sur mesure pour Karim Wade, fils de l’ex-président Abdoulaye Wade.