Sénégal. Un autre bad buzz: Macky Sall insulte la mémoire des tirailleurs sénégalais

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Le 27/05/2018 à 12h35, mis à jour le 27/05/2018 à 12h40

Macky Sall est un habitué des dérives verbales, mais cette fois, il a commis une véritable bourde en tentant de prouver combien l'amitié entre Français et Sénégalais est forte et ancrée dans l'Histoire. Un bad buzz dont il se souviendra. Les détails.

Depuis hier samedi 26 mai 201!, le président sénégalais Macky Sall est placé au centre d'une vive polémique après avoir fait une déclaration très légère, voire fort maladroite sur l'amitié entre la France et le Sénégal. "Ce sont nos amis, les Français. Nous avons une relation particulière avec les Français. Ils nous ont colonisés, il y a eu une décolonisation pacifique", a-t-il dit en présentant le recueil de ses discours prononcés depuis son élection. 

Sans doute mis en confiance par la salle remplie de ses partisans, il a enchaîné avec une anecdote dont tout le monde se serait passé, tant elle est hasardeuse. "Comme me disait le professeur Iba Der Thiam (un historien et homme politique, NDLR), ils ont toujours respecté les Sénégalais. Le régiment des tirailleurs sénégalais, dans leurs casernes, avait droit à des desserts, alors que les autres Africains n'en avaient pas. Ce sont des signes de proximité (rires gênés dans la salle) et d'amitié quelque part". 

Le fait est qu'actuellement, le président sénégalais, qui avait été soutenu par des partenaires de l'Hexagone, cherche à tout prix à leur renvoyer l'ascenseur. Mais il a tendance à en faire trop, tant dans ses actes que dans ses paroles. Il avait limogé son ministre de l'Energie qui ne voulait pas signer le contrat de concession de zones pétrolières à Total. Il a donné une infinité de marchés sans appel d'offres à des entreprises françaises, notamment dans le cadre de la construction ou de l'exploitation d'infrastructures ferroviaires ou autoroutières. Quand l'été dernier, la statue de Faidherbe à Saint-Louis, un général qui avait lancé la conquête coloniale du Sénégal, s'est écroulée, beaucoup avaient souhaité qu'elle ne soit jamais remise à sa place. Le maire de la ville, son beau-frère, en a décidé autrement. Il y a quelques semaines, sur l'île de Gorée, était inaugurée la place de l'Europe. Autant d'éléments qui montrent combien sous le régime de Macky Sall, on cherche à tout prix à imposer la France aux Sénégalais. 

Evidemment, cela ne fait que renforcer un sentiment anti-français et risque à terme d'avoir l'effet inverse de celui escompté par le président Sall. 

Il n'en fallait pas plus pour soulever une vague de critiques et d'indignation sur les réseaux sociaux, et les internautes sénégalais ne sont pas les seuls à s'insurger. Partout sur le continent et en France également, beaucoup se sont exprimés.

Défense de rire. C'est quand même le président du Sénégal qui parle ainsi. Défense de rire, mais pas de pleurer. Les...

Posted by Serge Bile on Saturday, May 26, 2018

D'aucuns n'ont pas hésité à lui rappeler le massacre du Camp de Thiaroye en 1944. En effet, le 1er décembre de cette année-là, vers la fin de la seconde guerre mondiale, les tirailleurs sénégalais, de retour de campagne européenne, étaient regroupés dans ce camps situé à l'est de Dakar. Ayant longtemps attendu leur solde, ils finirent par le réclamer de manière vigoureuse. On leur proposa alors une petite partie de leur dû seulement. Ils prendront en otage un officier venu négocier avec eux. La solution de l'armée française a été de bombarder le camp, faisant officiellement 70 morts, selon les archives nationales. Cependant, les histoiriens estiment que le bilan est beaucoup plus lourd et se situerait autour de 400 soldats tués. 

Cet internaute sénégalais ne mâche pas ses mots. "Apparemment on n'a pas fini avec ses bêtises", commence-t-il par dire, avant de rappeler qu'il y a juste trois semaines, on a érigé la place de l'Europe sur l'île mémoire de l'esclavage, Gorée. 

Cet autre internaute s'est lancé dans un rappel de tous les actes ayant précédé cette dérive de Macky Sall.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 27/05/2018 à 12h35, mis à jour le 27/05/2018 à 12h40