Sénégal. Présidentielle 2019: l'opposition dénonce déjà des "magouilles"

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Le 29/08/2018 à 15h08, mis à jour le 29/08/2018 à 15h09

Les partis politiques ont rencontré le représentant du ministre de l’intérieur, lundi 27 août, pour discuter des modalités de mise en œuvre des nouveaux textes régissant les candidatures.

Si Aly Ngouille Ndiaye, le ministre de l'Intérieur, espérait obtenir un consensus autour des textes d'application de la loi sur le parrainage. Mais, aucun accord ni déclaration commune n’a découlé de la rencontre qui semble s'être terminée en queue de poisson. 

Cette réunion des représentants des potentiels candidats à la présidentielle du 24 février 2019 et du ministère de l’Intérieur a débuté sur une fausse note. En effet, Aly Ngouille Ndiaye était aux abonnés absents et s’est fait représenté par le directeur de la Formation et de la communication de la Direction générale des élections, Bernard Casimir Demba Cissé. Ce qui a été vivement critiqué par les leaders de l’opposition.

«Nous nous attendions à être reçus par le ministre de l’Intérieur, en personne. Nous avons des questions à lui poser. On ne voit pas quelle était la pertinence d’avoir un fichier numérique et un fichier en papier parce que la signature est bien inscrite sur le (premier) mais pas sur la version numérique», a lancé Alassane Ba, coordonnateur du candidat indépendant, José Emmanuel Sarr.

Un ministre qualifié d'amateur

A quoi bon passer la journée au ministère l’Intérieur, si c’est pour se faire délivrer des documents qu’on peut télécharger sur internet ? C’est la question que s’est posé Cheikh Dieng, représentant du Parti démocratique sénégalais (PDS). Selon lui, cette attitude du ministre de l’Intérieur relève de l’amateurisme.

«Il nous fait perdre toute une journée pour nous remettre des documents disponibles sur le net. Nous avons demandé, conformément au code électoral, à disposer du fichier électoral parce que les parrains doivent être obligatoires sur le fichier électoral. Le candidat Macky Sall dispose de ce fichier électoral et aucun des autres candidats n’en dispose. Ce qui est une violation flagrante de la loi électorale qui requiert que tous les candidats soient au même niveau d’égalité dans le processus électoral», s’est-t-il indigné.

Visiblement très remonté contre ce qu’il appelle: «une rupture de l’égalité des candidats, avec une faveur accordée au candidat Macky Sall par son poulain Aly Ngouille Ndiaye», il a demandé à ce dernier de «définir de manière très claire sur quelle base ce parrainage sera évalué». Et en laissant faire, «Macky Sall montre une volonté manifeste d’organiser une non-élection au Sénégal et de confisquer le pouvoir», prévient-t-il. Et pour ne pas prendre de risques fraudes, Cheikh Dieng et son parti refuse l’organisation des élections par le ministre Aly Ngouille Ndiaye».

Dysfonctionnements

Le leader du mouvement AGIR, Thierno Bocoum n’y va pas par quatre chemins pour dénoncer «un processus électoral biaisé dès le début». «La fiche de collecte devait être remise aux candidats déclarés en format électronique et en format papier depuis le 23 août, date à laquelle le montant de la caution été, officiellement, fixé. Ce dysfonctionnent, note l’ancien parlementaire, prouve à suffisance que Macky Sall et son régime sont dans une logique de fraude», a-t-il déclaré.

Manko de Khalifa Sall écarte l’organisation de la présidentielle par Aly Ngouille Ndiaye. Tout comme le reste de l’opposition, le représentant de Khalifa Sall, Idrissa Diallo, récuse le ministre de l’Intérieur. Selon lui, Aly Ngouille Ndiaye «ne peut pas être juge et partie». Revenant sur le parrainage, il exige que tous les candidats partent à la collecte des signatures avec les mêmes chances. Malheureusement, déplore-t-il, «les couacs et malentendus» déjà enregistrés sur le parrainage montre que le processus électoral est faussé depuis le départ.

Même son de cloche chez Mamadou Dia Mbaye, coordonnateur de République et démocratie de Cheikh Hadjibou Soumaré qui décrie le traitement de faveur dont bénéficie Macky Sall, candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar. Il dénonce également le fait que le ministre de l’Intérieur siège au Secrétariat exécutif national de l’Alliance pour la République (Apr) de Macky Sall et veille organiser les élections. «Macky Sall a déjà en sa possession le format du document du parrainage et part, ainsi, avec une longueur d’avance», dénonce-t-il de son côté.

Défendre le parrainage à tout prix

Contrairement à l’opposition, la coordonatrice nationale au parrainage de Benno Bokk Yakaar, Aminata Touré, continue de défendre avec bec et ongles le choix de Macky Sall sur cette loi. Mieux encore, l’ancienne Premier ministre s’en est réjouie. «Nous avons pu constater qu’il y avait environs 81 candidats à la candidature de la présidence de la République. Si on n’avait pas ce parrainage, on allait passer une semaine à voter. Il est évident que cela n’est pas possible», soutient-t-elle. «Une démocratie doit être organisée. C’est ce qui explique a posteriori la pertinence de la loi sur le parrainage comme cela se passe dans tous les pays du monde», a-t-elle conclu.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 29/08/2018 à 15h08, mis à jour le 29/08/2018 à 15h09