Sénégal. Politique: ces jeunes sur le point d'envoyer les vieux loups à la retraite

Ousmane Sonko

Ousmane Sonko. dr

Le 14/10/2018 à 11h43

La jeune génération de politiciens sénégalais rêve de virer, en 2019, « les derniers des Mohicans » qui ont survécu à la dernière alternance de 2012. Une tâche qui s’annonce ardue pour Ousmane Sonko, Thièrno Bocoum, Thierno Alassane Sall, Abdou Mbaye qui auront fort à faire contre les anciens...

Au Sénégal, les institutions sont dirigées par de vieux chefs de partis politiques qui sont là depuis l’indépendance. A l’exception de certains comme Abdoulaye Bathily, fondateur de la Ligue démocratique, Mouvement pour le parti du travail (Ld/Mpt) et Amath Dansokho du Parti de l’indépendance et du travail (PIT), qui ont décidé de laisser la place aux jeunes, tout le reste continue à vouloir d’avantage de pouvoir.

Une nouvelle génération d’hommes politiques sénégalais nés après l'indépendance et las des promesses non tenues par les gérontocrates, veut aujourd’hui renverser cette tendance et prendre les rênes du pouvoir. C’est le cas de Ousmane Sonko, leader des Patriotes du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef, acronyme du terme wolof qui signifie dévouement).

D'autres, comme Thierno Bocoum, fondateur du movement politique «Agir», Thierno Alassane Sall, président du mouvement «La République des valeurs», Abdou Mbaye de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) en font également partie. Par leur engagement politique, ils rêvent tous de réaliser une alternance générationnelle lors de la présidentielle de février 2019.

Selon eux, la vieille garde, composée entre autre de Moustapha Niasse, 79 ans, président du Parlement et Ousmane Tanor Dieng, 70 ans, président du HCCT qui était là au moment de l’indépendance, et qui continue de casser la croûte avec Macky Sall, doit débarrasser le plancher. Ils ont été galvanisés par l'élection de Barack Obama aux Etats-Unis en 2008 et par celle d'Emmanuel Macron en France en 2017. 

Une tâche ardue et pas gagnée d’avance

Pour beaucoup de citoyens sénégalais, il est très légitime que la jeune génération d’hommes politiques aspire à gérer les affaires du pays à la place des anciens qui doivent prendre leur retraite. Ils ont pour eux les statistiques d'une population très jeune, puisque près de 82% de la population sénégalaise a moins de 40 ans. Cette jeunesse, touchée par un chômage endémique, veut plus que jamais cette alternance générationelle. En plus, elle est très active sur les réseaux sociaux, ce que la vieille garde semble avoir omis de prendre en compte. 

Il semblerait toutefois que la tâche ne soit pas de tout repos pour Ousmane Sonko, Thierno Alassane Sall, Therno Bocoum, Abdou Mbaye et les autres.

En effet, il est établi qu'à nombre égal, les personnes âgées votent plus que les jeunes. Et ces derniers, qui ont souvent un niveau d’instruction très bas, ne sont pas au fait des enjeux politiques, économiques et sociaux, et ne votent pas pour les nouvelles figures de la politique.

Ce paramètre est semble-t-il compris par l’ancien président Abdoulaye Wade qui veut, par tous les moyens, imposer la candidature de son fils, Karim Wade, et l’accompagner durant la compagne présidentielle de 2019.

Miser sur la jeunesse et la diaspora

Les jeunes chefs de partis et de mouvements politiques devront certainement compter sur la jeunesse pour réaliser leur rêve d’alternance générationnelle en 2019. Il faut dire qu’en 2012, Macky Sall avait incarné un certain renouveau pour les jeunes sénégalais. Mais l’espoir fondé sur lui s’est rapidement envolé parce qu’il a fini par faire revenir des vieux loups comme Moustapha Niasse, le président du parlement et Ousmane Tanor Dieng dont l’autorité est de plus en plus contestée par les jeune du Parti socialiste (Ps).

Ces jeunes leaders de partis ont la chance de susciter un engouement auprès des populations âgées de 18 ans et plus. Mais le handicap des jeunes de cette tranche d’âge, souvent très fougueux, est qu'ils se déplacent pas pour aller voter. Dès lors, une descente des jeunes leaders des partis politique sur le terrain et dans les coins les plus reculés du pays, pour sensibiliser leurs compatriotes sur l’importance du vote, s’avère nécessaire.

L’autre défi qu’ils devront aussi relever sera de préparer leurs compatriotes sur les éventuelles accusations infondées de la part de la vielle garde politique. Ll’exemple d’Ahmed Khalifa Niass, qui a récemment accusé Ousmane Sonko, de « Jihadisme », l’illustre. 

L’argent prend aussi une place importante dans la politique au Sénégal. Et la plupart des hommes politiques s’adonnent à des faits d’achat de voix pour enrôler les citoyens. Le plus offrant est souvent celui qui mobilise le plus au Sénégal. Il faudrait donc une conscientisation continue des Sénégalais sur les dangers de cette pratique peu orthodoxe mais tolérée.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 14/10/2018 à 11h43