Pour une première participation à une présidentielle, Ousmane Sonko, le plus jeune candidat à la magistrature suprême, a réalisé une percée remarquable pour avoir présenté un programme qui lui a permis d’étendre sa représentativité au Sénégal et dans la diaspora.
Le leader du «Pastef», qui ne doit son siège de député qu’au fameux «plus fort reste», a fait passer son taux qui était de 1,15% aux législatives de 2017, à 15,67% à l’occasion du scrutin du 24 février dernier.
Ousmane Sonko s’est adjugé une bonne partie de l’électorat de la diaspora, a fait main basse sur le vote à Ziguinchor, sa région d’origine, et a réalisé de bons scores à Dakar et dans plusieurs autres régions.
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Celui qui était considéré, à tors, comme «le candidat des réseaux sociaux» par les partisans de Macky Sall, durant toute la campagne électorale, a donné du fil à retordre à ses adversaires politiques. Ousmane Sonko, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est classé troisième derrière le candidat sortant, et Idrissa Seck, leader de la coalition «Idy 2019», selon les résultats provisoires du scrutin du 24 février 2019.
Maître dans la Casamance et «aspirant dans les régions»
Les résultats provisoires du scrutin du 24 février 2019, publiés le jeudi 28 février, révèlent que cet ancien inspecteur spécial de Impôts et domaine est maître dans la région de Ziguinchor où il a récolté 101.938 voix, soit 57,27% des suffrages valablement exprimés. Le candidat sortant, Macky Sall, et le leader de la coalition «Idy 2019» arrivent loin derrière lui. Ousmane Sonko a également réalisé de bons scores dans les régions de Kolda et Sédhiou, toujours dans la Casamance naturelle.
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A Thiès, Kaolack, Fatick et Dioubel où il n’avait à peine que 1.000 voix en 2017 dans chacune de ces régions, où il a su tenir en respect tous les quatre autres candidats.
S’agissant de Dakar où il a eu un taux de 19,99%, Ousmane Sonko a su convaincre 229.687 électeurs en 2019 tandis qu’en 2017, il n’avait récolté que 13.891 suffrages dans la capitale sénégalaise.
Un aspirant qui fait mieux que les anciens
Ces résultats obtenus par celui que certains considéraient comme «un novice dans l’arène politique», lui ont valu des éloges de la part de plusieurs de ses concitoyens. Selon Mame Mactar Gueye, de l’ONG Jamra, «le grand gagnant de cette élection reste Ousmane Sonko».
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«Pour sa première expérience électorale, force est de reconnaître qu’il a merveilleusement réussi, dès le redoutable filtre du parrainage, à surpasser de vieux briscards de l’arène politique, qui ont été recalés à la surprise générale», dit-il. A l’en croire, «le plébiscite» d’Ousmane Sonko «aura surtout été, après une récente entrée dans l’arène, d’avoir réussi à fasciner des foules en liesse, par des discours cohérents, mobilisateurs et accessibles tant aux intellectuels qu’aux citoyens lambda. Il n’est dès lors pas surprenant qu’il soit allègrement parvenu à se hisser dans la cour des grands au point de trôner fièrement aujourd’hui sur la troisième marche du podium», ajoute le président de l’ONG Jamra.
Le candidat de la jeunesse
«Si je suis le candidat de la jeunesse, je serai élu président de la République du Sénégal», disait Ousmane Sonko, à deux jours de la fin de la campagne présidentielle.
À quarante-quatre ans, cet ancien fonctionnaire des impôts est celui qui s’est présenté comme le briseur des codes avec un tout nouveau discours. Il faut dire que c’est une stratégie qui passe dans un pays comme le Sénégal, où plus de 50% de la population sont des jeunes et où les politiques d’emploi des jeunes, des précédents gouvernements, ont presque toutes échoue. C’est en partie, ce qui a permis à Ousmane Sonko d’enrôler des milliers de militants dans le milieu universitaire où plusieurs jeunes trouvent en lui leur espoir perdu.
Il a également fait des percés significatives dans la diaspora sénégalaise, en majorité composée de jeunes qui, en quête d’un avenir meilleur, ont immigré au prix d’énormes sacrifices.