Dans un pays où 84% de la populations est âgée de moins de 40 ans, mais où l'essentiel des postes de responsabilité revient d'autorité aux plus de 60 ans, on sent une certaine frustration chez les jeunes. Cependant, beaucoup de Sénégalais estiment que c'est d'abord et avant tout au niveau des formations politiques qu'il faut agir. C'est là, sans doute aucun, l'un des plus grands enjeux du quinquennat de Macky Sall qui démarrera le 2 avril prochain, après sa prestation de serment officielle.
A l’instar de plusieurs formations politiques, la coalition «Benno Bokk Yakaar» qui a porté le chef de l’Etat à un second mandat, n’est pas à l’abri d’une alternance générationnelle, laquelle est devenue une exigence pour les jeunes des partis politiques sénégalais.
A l’exception de certaines formations comme le Patriotes du Sénégal pour le travail, l'éthique et la formation (Pastef) du député Ousmane Sonko qui est arrivé troisième au scrutin présidentiel du 24 février dernier, la plupart des formations politiques pourrait subir un rajeunissement forcé. Les "mammouths" socialistes, traditionnels alliés de Macky Sall, et autres caciques encore dans le sérail, sont éminement concernés, mais même dans l'opposition, ce sont encore des septuagénaires qui dirigent les arcanes des principaux partis.
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Les jeunes, récemment entrés en politique, ne se privent pas de rappeler à Moutapha Niasse, actuel président de l'Assemblée nationale, et vénérablement âgé de 80 ans, qu'il a été le directeur de cabinet de Léopold Sedar Senghor de 1970 à 1979.
Evidemment, beaucoup de jeunes lorgnent aussi le fauteuil de président de l'Alliance des Forces du Progrès qu'occupe encore cet octogénaire.
Ousmane Tanor Dieng aujourd'hui âgé de 71 ans, en a lui aussi pris pour grade. Il a été, dès 1978, conseiller diplomatique de Senghor après avoir représenté le Sénégal à l'ONU. Et aujourd'hui encore, il occupe le poste de président du Haut conseil des collectivités locales et il est le premier secrétaire général du Parti Socialiste.
Dans l'opposition, pour sûr, la moyenne d'âge des chefs des plus grands partis dépasse 70 ans.
Ainsi, Idrissa Seck, qui est arrivé second lors du dernier scrutin présidentiel, est encore relativement jeune, puisqu'il n'a "que" 59 ans.
Pourtant, certains n'hésitent pas à affirmer que Seck, leader du Parti Rewmi ("Le parti") n’est pas non plus épargné par ce vent d’alternance générationnelle, qui souffle au sein des autres partis.
Et bien qu'il ne soit aujourd'hui âgé que de 57 ans, Macky Sall doit, parce qu’il entame son second et dernier mandat, lui aussi d'ores et déjà préparer sa succession à la tête de l’Alliance pour la république (APR), son parti.
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S’agissant du Parti démocratique sénégalais, l’ex-président Abdoulaye Wade a semble-t-il trouvé la bonne formule en imposant son fils, Karim Wade, à la tête de son parti. Mais cette décision du Pape du Sopi (Le "pape du changement"), aujourd'hui largement octogénaire, suscite de nombreuses critiques au sein même de sa formation politique.
Ces frictions s'étaient même accentuées avec la volonté d’Abdoulaye Wade d’imposer, par tous les moyens, la candidature de son fils à la présidentielle du 24 février 2019, malgré la condamnation de ce dernier dans le cadre de la traque des biens mal acquis lancée par Macky Sall.
Des ténors du PDS, comme maître Madické Niang, s'étaient rebellés contre cet état de fait, en présentant leur candidature lors des joutes électorales précédant le scrutin. D’autres responsables du PDS, de leur côté, avaient même décidé de quitter ce parti libéral fondé par Abdoulaye Wade, car, selon eux, la seule préoccupation du pape du Sopi était de réhabiliter son fils, Karim Wade.
En fin de compte, aucune formation politique au Sénégal n’est épargnée par la nécessité de cette alternance générationnelle que demandent pourtant, et instamment, des jeunes qui veulent prendre les commandes de leurs partis respectifs, et donc, aspirent à prendre le destin de leur nation en main.