Diapo. Sénégal: 59 ans d'indépendance que le pays peine à assumer pleinement

DiaporamaLe Sénégal célèbre ce jeudi 4 avril 2019 le 59e anniversaire de son accession à l’indépendance. Une souveraineté qui cache mal la dépendance d’un pays vis-à-vis des puissances occidentales et asiatiques.

Le 04/04/2019 à 16h02, mis à jour le 04/04/2019 à 16h04

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Le Sénégal, à l’instar de plusieurs pays francophones d’Afrique, s’apprête à fêter le 59e anniversaire de son accession à la souveraineté nationale. Comme c’est le cas chaque année, une cérémonie en grande pompe a eu lieu à la Place de la Nation, ex-Place de l’Obélisque. Au total, 4035 militaires, 1815 civils, 7 aéronefs, 345 véhicules et 124 motos se sont succédé dans une parade tout au long du boulevard Général De Gaulle.

Pour cette année, les présidents Adama Barrow de la Gambie et Georges Weah du Libéria ont assisté à ces festivités, aux côtés de leur homologue sénégalais, Macky Sall. L’ensemble des autorités civiles et militaires ont, comme à l’accoutumé, pris part à cette commémoration de l’indépendance du Sénégal.

Mais à l’heure du bilan, les 59 ans d’indépendance du Sénégal ont toujours un goût amer chez la plupart des Sénégalais qui rêvent de voir leur pays assumer pleinement son indépendance. Mais ce rêve n’est, semble-t-il, pas près de devenir une réalité. En effet, du franc Cfa, à la nomenclature des grandes avenues (William Ponty, Général De Gaulle, André Peytavin, Faidherbe...) en passant par le français comme langue officielle, tout au Sénégal rappelle la présence de l’ancienne puissance coloniale.

Cette indépendance est également un mirage car, à cause d’une balance commerciale déficitaire, le pays obéit encore à la volonté des puissances étrangères.

Les capitaux nationaux absents de l'économie sénégalaise

Le constat est amer. Les secteurs clés de l’économie sénégalaise sont entre les mains des étrangers. Des sociétés de télécommunications aux autoroutes, en passant par les mines, tout est contrôlé par les multinationales étrangères. Même le contrat d’affermage de l’eau, si vitale, qui était confié à la Sénégalaise des eaux (SDE), dont une partie des actions appartenaient à des Sénégalais, est maintenant la chasse gardée du groupe français Suez.

Ces exemples pris parmi tant d’autres ont poussé certains opposants comme Ousmane Sonko, à affirmer que «le Sénégal n’est pas un pays souverain». Selon le leader de parti «Pastef», qui est arrivé 3e à la dernière présidentielle sénégalaise, «80% de l’économie sénégalaise sont entre les mains des étrangers».

Et pourtant, le gouvernement du président Macky Sall se glorifie d’une croissance qui atteint 6,6% en 2018. Mais à ce propos, Ousmane Sonko soutient que «la croissance dont on nous parle est exogène». «4% de cette croissance profitent à des entreprises étrangères», précise-t-il. Il plaide pour la préférence nationale adoptée par d’autres pays étrangers comme le Maroc qui n’a plus rien à envier aux puissances occidentales. «Tous les pays du monde fonctionnent sur la base du patriotisme économique. Il faut privilégier nos compatriotes. On ne développe pas un pays sans que les entreprises détenues par les nationaux n'y participent», a-t-il ajouté.

Ce triste constat fait que les jeunes Sénégalais n’ont plus confiance en les autorités sénégalaises et n’entrevoient plus leur avenir dans ce pays qui les a vu naître. Ils tentent tous, et parfois au péril de leur vie, d’émigrer en Europe, en Amérique et même en Asie. Ces tentatives désespérées font qu’on ne compte plus le nombre de jeunes Sénégalais qui ont péri en mer en espérant joindre l’eldorado européen.

Et la fuite des cerveaux occasionnée par les vagues d’étudiants sénégalais qui, à cause des nombreuses perturbations constatées dans l’enseignement, vont se former dans les pays occidentaux, n’est pas pour renverser cette tendance à la domination européenne.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 04/04/2019 à 16h02, mis à jour le 04/04/2019 à 16h04