Sénégal: vers l’amnistie de Karim Wade, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade

Karim Wade, fils de l'ancien président Addoulaye Wade

Karim Wade, fils de l'ancien président Addoulaye Wade. DR/

Le 09/06/2019 à 16h30, mis à jour le 09/06/2019 à 16h43

Karim Wade, condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite dans cadre de la traque des biens mal acquis, puis gracié et contraint à l’exil au Qatar depuis 2016, sera bientôt libre de toute poursuite. Des négociations secrètes seraient en cours pour sa libération définitive.

Plusieyrs fois annoncé, puis repoussé, le retour de Karim Wade, qui a eu bien des démêlés avec la justice sénégalaise, pourrait bientôt avoir lieu.

En effet, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade serait sur le point de bénéficier d’une amnistie.

«C’est même l’un des résultats attendus du dialogue national, lancé le 28 mai dernier par le président Macky Sall, qui a qui a juré qu'il ne modifiera pas les conclusions issues de ces concertations dirigées par Famara Ibrahima Sagna», révèle le site d'informations en ligne Seneweb.

Les «négociations» pour l’arrêt définitif des poursuites judiciaire à l'encontre de Karim Wade ont d’ailleurs débuté bien avant le démarrage de ce dialogue national.

Celles-ci avaient été initiées par certaines autorités religieuses et politiques, qui souhaitent voir une réconciliation entre Macky Sall et son ancien mentor, Abdoulaye Wade.

Des députés seraient mêmes choisis pour proposer une loi d'amnistie, qui serait par la suite votée à l’Assemblée national dans un proche avenir. Une loi qui, selon un haut responsable proche du pouvoir, «pourrait passer comme lettre à la poste» si elle était soumise aux représentants du peuple pour son adoption.

Si les noms de ceux qui en bénéficieraient sont pas encore révélés, deux députés (un homme et une femme) de l’opposition, reconnus pour leur verve au sein de l’hémicycle, ont été désignés pour initier cette proposition de loi.

Ils seraient d'ailleurs actuellement en train d'y travailler et la loi d’amnistie, concernant tout particulièrement Karim Wade comportera plusieurs pages, alors même que se déroule actuellement le dialogue national.

Selon certaines indiscrétions, «tous les crimes financiers commis jusqu'en 2019» sont concernés par cette loi d’amnistie.

Mais un problème pourrait se poser, selon plusieurs députés de l’opposition, qui bénéficient d’une certaine expérience en matière parlementaire, tout particulièrement concernant «le caractère impersonnel et général du projet de loi d’amnistie», qui pourrait rendre celle-ci quelque peu compliquée.

Cette formulation serait abiusive du simple fait qu'il serait difficile de savoir quelles seront les personnes concernées par cette loi. Et les conséquences de cette loi «ne seraient pas maîtrisables », avertissent-ils.

Selon un spécialiste du droit public interrogé par Seneweb, «la loi d’amnistie peut en principe tout effacer. C’est pourquoi, d’ailleurs, elle pose problème, du fait qu’elle est générale et jamais individuelle ou personnelle. Autrement dit, son objet est général et impersonnel. Du coup, elle prend toujours une fourchette temporelle ou se mettre en lien avec un événement où certaines circonstances».

Une loi d'amnistie se formule généralement comme suit : «sont amnistiées de plein droit toutes infractions criminelles ou délictuelles commises de telle année à telle année... ou ayant un lien avec tel événement de telle année», poursuit ce juriste. 

A titre de rappel, tous les responsables de l’opposition qui étaient présents à la cérémonie d’ouverture du dialogue national, avaient demandé la fin définitive des poursuites judiciaires à l'encontre de l’ex-maire de Dakar, Khalifa Sall, actuellement en prison, et Karim Wade.

Il faudra donc que Macky Sall trouve une solution pour que cette loi d’amnistie respecte son engagement pré-électioral de ne pas «modifier les conclusions issues de ces concertations».

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 09/06/2019 à 16h30, mis à jour le 09/06/2019 à 16h43