Sénégal. Formation supérieure: dans l'impasse, l’Etat courtise de nouveau le privé

Le ministre sénégalais de l'enseignement supérieur

Le ministre sénégalais de l'enseignement supérieur. dr

Le 17/11/2019 à 15h57, mis à jour le 17/11/2019 à 15h59

L’Etat, qui avait tourné le dos aux établissements privés de l’enseignement supérieur, se voit contraint de faire marche arrière. Faute de places dans les universités, le gouvernement est désormais obligé d'écouter les exigences des établissements privés du cycle supérieur.

Le ministre sénégalais de l’Enseignement supérieur, Cheikh Oumar Hane, qui avait, voici quelques mois à peine, émis des doutes sur «la qualité de la formation dispensée dans les écoles privés», a changé d'avis et veut aujourd’hui faire la paix avec les membres du Cadre unitaire des organisations des établissements privés d’enseignement supérieur du Sénégal (Cudopes).

C’est, semble-t-il, ce qui ressort de sa récentre rencontre avec les délégués de cette organisation, auxquels il a promis d’éponger l’intégralité de la dette de l’Etat vis-à-vis des établissements supérieurs privés qui lui sont affilés.

Dans un communiqué publié à l'issue de cette réunion, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, se dit d'ailleurs tout «disposé à apurer intégralement le reliquat de la dette due aux Etablissements privés d’enseignement supérieur (EPES) pour l’année académique 2017-2018, au plus tard le 31 décembre 2019».

Avec cette promesse, le ministère, qui n’a pu orienter dans les établissements publics, pour l'année universitaire en cours, l’ensemble des 58 .280 bacheliers admis lors de la session de juin 2019, compte ainsi caser ceux restés non inscrits, dans des établissements privés, dont le mnistre avait pourtant clairement mis en doute la qualité de la formation qu'ils dispensent.

Le ministre de l'Enseignement supérieur, Cheikh Oumar Hane a en effet expliqué que l'Etat a «payé 41 milliards de FCFA depuis le début du processus en 2012. Cette année, [l'Etat] a donné plus de 7 milliards de FCFA. Dans la loi de finances rectificative (LFR), 4 milliards de FCFA allaient être remis aux établissements privés».

Le ministre a toutefois regretté le fait que faute du paiement du reliquat de la dette que l’Etat devait aux établissements privés, des étudiants ont été empêchés de terminer convenablement l’année académique 2018-2019.

Rappelons qu'au cours de cette année qui s'achève, les membres du Cudopes, pour lesquels il était devenu impossible de rémunérer les enseignants qu’ils avaient engagés, à cause de ce trou de 18 milliards de FCFA que le gouvernement leur devait, avaient exclu des étudiants, que l’Etat avait pourtant orientés dans les établissements privés affiliés à l'organisation. 

Cette décision avait grandement irrité le ministre de l'Enseignement supérieur, qui avait alors écidé de ne plus leur affecter d’étudiants.

«Hélas, nous avons constaté que les étudiants ont été chassés. C’est inadmissible. Nous allons évaluer le partenariat scellé avec ces établissements», avait alors déclaré Cheikh Oumar Hane, avant de changer d'avis tout dernièrement. 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 17/11/2019 à 15h57, mis à jour le 17/11/2019 à 15h59