Au Sénégal, il ne fait pas bon évoquer la question d'un 3e mandat pour Macky Sall. En effet, toutes les personnes occupant une position au sein du gouvernement ou dans l’appareil d’Etat qui ont eu l’outrecuidance de parler négativement de l’éventualité pour le président de se représenter perdent leur maroquin ou leur position immédiatement après.
La dernière victime n'est autre que Moussa Diop, directeur général de la société de transport urbain Dakar Dem Dikk (DDD). L’homme connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche avait déjà reproché au président Macky Sall d’avoir endetté le Sénégal en construisant l’autoroute Ila Touba. Il s’est une nouvelle fois illustré.
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Invité à commenter le coup d’Etat au Mali sur la chaîne de télévision privée SenTv, il a estimé que c’était une chose tout à fait normale vue l’incapacité du président Ibrahim Boubacar Keita à résoudre les nombreuses crises qui secouent son pays. "Si un président a été élu démocratiquement et qu’il n’est pas en mesure de satisfaire ses concitoyens, il est judicieux qu’on le dégage", a-t-il déclaré au cours du débat, faisant allusion aux événements qui venaient de se dérouler dans le pays voisin du Sénégal.
Puis, commentant la candidature de Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire et d’Alpha Condé en Guinée pour la troisième fois de suite, il a avancé que selon lui, il s’agissait ni plus ni moins de coups d’Etat constitutionnels perpétrés par les personnes affublées du titre de "gardien de la Constitution" et qui sont justement censées prévenir ce genre d’agissements.
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Moussa Diop a été limogé de son poste de directeur de la société de transport urbain DDD par le président Macky Sall, ce mercredi 2 septembre, lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres.
De fait, le message est clair pour toute personne qui oserait interdire à Macky Sall un troisième mandat. Un de ses ministres qui avait évoqué le sujet avait été aussitôt éjecté et désormais tous les membres de son gouvernement évitent la question.
Ce matin, le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye a été interpellé à ce propos par des journalistes. Il a préféré botter en touche, estimant qu’il n’était "pas opportun de parler d’un tel sujet".