A l’instar de leurs coreligionnaires du reste du monde, les catholiques sénégalais ont célébré, ce 15 août, l’Assomption qui, pour eux, rappelle la «montée de Marie au ciel».
Mais au Sénégal, cette fête est phagocytée par un autre événement. En effet, des milliers de jeunes Sénégalais ont l’habitude de se donner rendez-vous sur la célèbre plage d’Hydrobase à Saint-Louis (nord) pour une nuit de détente, mais surtout de débauche.
Ce phénomène a pris une telle ampleur ces vingt dernières années qu’on en oublie que le 15 août est une fête chrétienne. Pourtant, il n’existe aucun lien entre l’Assomption et le fait d’aller à Saint-Louis. En effet, la majorité des jeunes qui se donnent rendez-vous sur la plage d’Hydrobase sont musulmans !
«A l’origine, les jeunes qui se rendaient à Saint-Louis ne le faisaient pas pour se livrer à la débauche. Il s’agissait d’associations de jeunes –une tradition saint-louisienne– qui se donnaient rendez-vous dans la vieille ville chaque 15 août avec leurs invités pour fraterniser et passer du bon temps», m’explique un journaliste basé à Saint-Louis.
C’est par la suite que cet événement a été «dénaturé» au point de se transformer en une gigantesque opération de «débauche à ciel ouvert». Cette tournure a beaucoup choqué les habitants de Saint-Louis, ville réputée pieuse, malgré le passé coloniale.
En effet, il est généralement admis que l’islam a commencé sa pénétration au Sénégal par le nord et Saint-Louis a toujours été un grand foyer religieux et compte plusieurs mosquées et "daaras" (écoles coraniques).
C’est donc à travers la religion (l’islam) que les Saint-louisiens ont décidé de combattre le «15 août». Sous l’impulsion du chef religieux Serigne Abdallah Sall, fondateur de l’Association de soutien et de coordination des activités islamiques (ASCAI), une contre-manifestation religieuse est organisé chaque 15 août dans toute la ville.
Ainsi, des déclamations de coran sont organisées tout au long de la journée à la Place Faidherbe (centre-ville), dans les mosquées, dans les cimetières et même sur… la plage d’Hydrobase.
Parallèlement, le lobbying des religieux a convaincu le gouverneur de Saint-Louis d’interdire la baignade à Hydrobase à partir de 18h. Des actions qui ont permis de réduire l’ampleur du «15 août».
«A la fin des années 1990 et au début des années 2000, le ‘’15 août’’ avait pris une telle ampleur qu’il y avait un embouteillage sur le pont Faidherbe toute la journée et on distribuait des préservatifs sur la plage pendant la nuit», se souvient un membre de ASCAI.
