Les populations rurales sont les oubliées de l’approvisionnement en eau potable au Sénégal. Aujourd’hui, seuls 4% des villages du pays, soit seulement 400 villages, sont branchés au réseau de la Sénégalaise des eaux (SDE). Et pourtant, les zones rurales accueillent 67% de la population du Sénégal.
Cette situation s’explique, selon Momar Seyni Ndiaye, ancien chargé de communication de la Société nationale d’exploitation des eaux du Sénégal (Sonees), par le fait que l’approvisionnement en eau obéisse à plusieurs «raisons» de rentabilité. C’est ce qui est à l’origine de ce déséquilibre qui prive une bonne partie de la population de ce liquide précieux.
D’abord, explique t-il, «80% des salariés sont à Dakar et 75% des activités y sont concentrées. Donc, la clientèle qui paye l’eau est à Dakar. C’est là où il y a le plus d’abonnés».
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Ensuite, «les industries qui payent l’eau à 1200 francs Cfa le m3, permettant aux petits ménages de l’acheter à 200 F Cfa, sont en majorité à Dakar».
De même, comme toute entreprise, la SDE, qui a signé un contrat d’affermage avec l’Etat du Sénégal, a «des exigences de rentabilité», souligne une personne proche de la société.
Rappelons que la SDE avait signé, en 1996, un contrat d’affermage de 10 ans. Ce contrat, qui devait se terminer en 2006, a été prolongé six fois de suite. Et à chaque prolongement dudit contrat, «les obligations d’investissement de la société ont été revues à la hausse».
«La Sones a aussi l’obligation de contrôler l’exploitation par la SDE. Elle lui exige de vendre 85 % de l’eau produite et établit ses factures sur la base de ce pourcentage de production», a ajouté Momar Seyni Ndiaye.
Mais les clauses du contrat qui lie l’Etat du Sénégal à la SDE ont toujours été décriées par l’Institut de recherche, de formation et d’action pour la citoyenneté, la consommation et le développement en Afrique (Cicodev). D’après ses études, ce contrat devait aussi prendre en compte les consommateurs défavorisés.
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Selon cette association, «dans un contrat de concession, le secteur privé s’engage à prendre en charge les opérations de gestion et de conduite des installations. Y compris leur extension pour répondre à l’évolution de la demande. L’Etat peut apporter son concours financier, soit pour subventionner le service vendu, soit pour prendre en charge une partie des investissements».
Toutefois, les recommandations de la Cicodev ne sont toujours pas prises en compte par les deux parties. Par souci de rentabilité, l’Etat oublie à chaque fois ses obligations envers les populations les plus défavorisées. Et cette conduite de l’Etat fait que l’approvisionnement en eau potable varie selon les lieux de résidence et les statuts sociaux.
Au moment où la moyenne journalière de consommation en eau est de 45 litres par personne, les populations rurales peinent toujours à trouver quelques litres d’eau. Et malgré leurs faibles revenus, elles sont toujours obligées de payer 100 fois plus cher pour accéder à l’eau potable. Cependant que le m3 d’eau, soit 1.000 litres, coûte 189 F Cfa aux populations urbaines, les populations rurales payent le récipient de 20 litres à 50 F Cfa ou même 100 F Cfa.