De mémoire d'hommes en bleu, on n'a sans doute jamais vu pareille fourberie. En effet, Ibrahima Faye Ndiaye, Waly Diop, André Dockel Ndiaye et Aly Diop sont quatre gendarmes dakarois qui, selon l’accusation, utilisaient leur fonction non pas pour protéger les honnêtes citoyens, mais pour leur extorquer de l'argent.
En 2016, ils jettent leur dévolu sur Mohamed Fagoul, l'accusant de détenir des explosifs et de préparer un attentat terroriste. Tout commence le 1er avril 2016, il y a donc deux ans. Fagoul doit alors rencontrer un partenaire commercial à Diamniadio, une bourgade censée abriter bientôt la nouvelle ville de la région de Dakar et où beaucoup d’entreprises marocaines, sénégalaises, turques, voire émiraties, ont d’ambitieux programmes immobiliers.
Le rendez-vous de Fagoul est fixé non loin de l’une des rares stations-service de la zone. Mais, pendant qu’il attend son fournisseur, s’inquiétant de son léger retard, voilà qu’une voiture s’arrête net à ses pieds. Parmi les cinq hommes à bord, deux sont en tenue de gendarme. Rassuré, Fagoul imagine qu’ils effectuent une ronde pour assurer la sécurité, ce qui certainement bon signe. Une petite discussion s’engage, mais très vite les hommes en bleu embarquent Fagoul sans préciser vers quelle direction.
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Arrivés dans la forêt classée de Mbao, dans sa partie la plus proche de Keur Massar, non loin de l’autoroute à péage reliant Diamniadio à Dakar, les hommes lui révèlent appartenir à la brigade antiterroriste de la Gendarmerie nationale. Ils précisent être investis de pouvoirs leur permettant d’accuser à peu près n'importe qui de ce que bon leur semble. Devenus menaçants, ils affirment être informés que Mohamed Fagoul détient des explosifs et prépare un attentat à Dakar.
Tels de vulgaires malfrats, ils fouillent leur victime et trouvent sur lui 1.200 euros soit 840.000 francs CFA, qu’ils confisquent. Ensuite, ils lui demandent de les amener à son domicile qu'ils prétendent vouloir perquisitionner, mais dans l’unique but de trouver quelque chose à lui soutirer. N'y trouvant pas d’argent, ils se rabattront sur le seul chéquier trouvé sur les lieux. Ils exigeront de Mohamed Fagoul la signature d’un chèque d’un montant de 4 millions de francs CFA, se disant probablement qu’avec une telle somme et les 840.000 francs CFA déjà en leur possession, la moisson était déjà belle. Pendant tout ce temps, Mohamed Fagoul obtempère trop heureux qu'on lui laisse la vie sauve.
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Mais une fois libéré par ses ravisseurs, il se rend immédiatement à la Gendarmerie et dépose une plainte. Malgré la peur que lui inspirent ses kidnappeurs, Mohamed Fagoul a eu la présence d’esprit de noter soigneusement le numéro de matricule de la voiture, la marque et le modèle.
Un véhicule qu'utilisera l'un des ravisseurs le lendemain, pour se rendre au poste de gendarmerie de la Foire de Dakar. Interrogé, Ibrahima Faye Ndiayeet ne tarde pas reconnaître les faits avant de balancer le reste de la bande. Sans doute savait-il mieux que quiconque que ses collègues gendarmes étaient capables de trouver toutes sortes de preuves à charge comme des empreintes digitales voire de l’ADN que lui et ses complices auraient disséminé au domicile de Fagoul. Car, au propre comme au figuré, les malfrats n’avaient pas pris de gants.
Après deux longues années d’instructions justifiées par la gravité des faits, les quatre hommes ont été radiés de la Gendarmerie et sont aujourd’hui renvoyés en correctionnelle pour des faits d'enlèvement, de vols et d'abus de pouvoir. Ils encourent de lourdes peines de prison.