Dans un film documentaire de 10 minutes intitulé «la voix des disparus» fait de témoignages de familles ayant perdu des proches en mer, l’ONG Greenpeace retrace la dure réalité que vivent ces pères, mères et proches parents de disparus.
Le bilan est lourd. Au total, plus de 226 pêcheurs sénégalais ont perdu la vie en mer au cours des deux dernières années. Ce film, tourné à Mbour, Thiaroye, Rufisque-Arafat, montre des photos et des objets, souvenirs de ces disparus dont les corps ne seront peut-être jamais retrouvés. Leur seul tort, se battre pour nourrir dignement leur famille, en bravant parfois la furie des éléments.
Pour que de tels drames n’arrivent plus jamais, l’ONG Greenpeace demande aux autorités politiques du Sénégal, et au-delà, aux dirigeants de la sous-région ouest-africaine, de faire plus d’efforts pour la sécurité des pêcheurs artisans. Il serait dès lors essentiel pour ces derniers de mettre en place des systèmes de contrôle et de surveillance dans les eaux territoriales et d’adopter une approche régionale concertée de gestion des ressources marines et fluviales pour protéger les populations.
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Dans son appel lancé aux autorités, le responsable de la campagne Océans de Greenpeace Afrique, Ibrahima Cissé, précise que pendant des décennies, «les pêcheurs artisans ont pu subvenir aux besoins de leur famille et des communautés grâce à l’abondance et à la variété des ressources halieutiques». Ce qui n’est plus le cas aujourd'hui, à cause de politiques halieutiques non adaptées, de la surpêche industrielle et de mauvaises pratiques en termes de pêche.
Les pêcheurs traditionnels doivent aujourd’hui aller très loin en mer, à bord d'embarcations de fortune, et au risque de leur vie, pour obtenir de quoi faire vivre leur famille.
«Aujourd’hui, en plus de l’octroi de gilets de sauvetage aux pêcheurs, le gouvernement du Sénégal doit travailler à répertorier tous les pêcheurs artisans actifs dans le pays et mettre en place des outils efficaces qui peuvent permettre de détecter les pirogues artisanales où qu’elles se trouvent en mer et de leur venir en aide», a ajouté Ibrahima Cissé.
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Dans son rapport 2017, la Direction de la Surveillance et de la protection des pêches au Sénégal précise que 92 accidents ayant fait 140 victimes, dont la plupart sont des pêcheurs artisans, ont été enrégistrés. Ce bilan macabre montre une hausse de 63% des victimes d’accident en mer par rapport à l’année 2016. Les pertes en pirogues et en matériel de pêche sont estimées, quant à elles, à 140 millions de francs CFA.
A en croire les chiffres publiés par l’Organisation des Nations Unies pour les pêcheries, 79,3 milions de tonnes d’espèces sauvages ont été capturés en mer en 2016. On note ainsi une légère baisse par rapport à 2015, année durant laquelle ce chiffre était de 81,2 millions de tonnes. En revanche, remarque la même source, reprise par Greenpeace, les espèces surexploitées sont passé de 10% en 1974 à 33% en 2015. Aujourd’hui, seuls 7% des espèces ne sont pas sous la menace d’une surpêche.