Face à la décision de l'Etat de retirer son autorisation à l'association Enda Lead Afrique Francophone, le coordonnateur du mouvement, Fadel Barro, riposte contre ce qu'il appelle "les tentatives de l'Etat de museler l’opinion publique et de réduire l’espace civique à la prochaine présidentielle".
Aux côtés de plusieurs associations de la société civile et de défense des droits humains, Y'en A Marre a pris part hier, mercredi 21 novembre, à une conférence de presse.
Signalons, au passage, que Enda Lead Afrique Francophone, ONG financée par plusieurs partenaires, dont des organes de l'ONU, serait en effet l'un des principaux bailleurs de fonds du mouvement. Le gouvernement les a récemment accusés d'irrégularités, alors que le mouvement Y'en A Marre est une véritable terreur pour le régime.
En effet, ce mouvement, né en 2011 des frustrations des jeunes Sénégalais, a été l'un des artisans du départ de Abdoulaye Wade. D'ailleurs, en 2011, le président Macky Sall, qui cherche aujourd'hui à le museler, se trouvait à cette époque à leurs côtés pour scander des slogans hostiles à Abdoulaye Wade, qui cherchait à briguer un 3e mandat.
Mais visiblement, le vent semblent avoir tourné, et l'actuel président de la République ne voit plus d'un très bon oeil le fait que Y'en A Marre appelle les jeunes à aller retirer leur carte d'électeur.
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Après les accusations d’irrégularités financières que le gouvernement a tenté de mettre sur le mouvement, Fadel Barro et ses camarades de Y'en A Marre ont répliqué.
Ainsi, à en croire le coordonateur du mouvement, le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, est très mal placé pour faire de telles accusations car Linguère, la commune qu’il dirige par ailleurs, est l’une des premières à avoir bénéficié de l’argent dont il est précisément question dans ces malversations dont est accusé Y'en A Marre.
Face à la presse, ce mercredi 21 novembre, le coordonateur de Y’en A Marre a donc averti l’Etat du Sénégal contre toute velléité de «réduction de l’espace civique».
Selon lui, conformément à leur engagement initial, leur mouvement ne va pas rester les bras croisés après le retrait de l’agrément de l’ONG Lead Africa Francophone, gestionnaire administratif et financier du mouvement.
«Cette tentative d’empêcher les jeunes de s’exprimer pour la prochaine élection présidentielle ne passera pas. Car, c'est bien de cela qu'il s'agit. L’urgence du moment, est de poursuivre notre campagne «Parel» (soit prêt, en wolof, Ndlr) qui vise à sensibiliser les jeunes pour qu’ils retirent leur carte d’électeur», a indiqué Fadel Barro.
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Y'en A Marre s'apprête toutefois à donner une chance de réussite à la médiation entamée par certains membres de la société civile. Mais, précise-t-il, "cela ne veut pas dire que le combat ne sera pas mené. Car la véritable motivation de ce retrait d’agrément de Lead Africa Francophone n’est qu’un acte qui vise à nous museler et cela ne passera pas".
Poursuivant son raisonnement, Fadel Barro a apporté des éclaircissements sur les 350 millions de francs CFA (526 300 euros) dont parle le gouvernement et que leur mouvement aurait perçu. "En faisant état d’irrégularités dans les finances du mouvement, dit-il, le gouvernement veut empêcher Y’en A Marre de recevoir de l’argent ou des subventions pour mener convenablement ses activités", explique-t-il.
"Mais en adoptant cette stratégie, le gouvernement risque d’être déçu puisque la législation sénégalaise autorise toutes les associations à recevoir des subventions", a expliqué Fadel Barro.
L’Etat du Sénégal subventionne même, par le biais de ses ministères, des associations jugées d'utilité publique. La question que doivent se poser les citoyens sénégalais, selon Fadel Barro, est celle de savoir : «pourquoi l’Etat cible-t-il directement Lead Africa Francophone et Y’en A Marre» ?
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Le coordonnateur du mouvement «Y’en A Marre» affirme également qu'il donnera ultérieurement des précisions sur la date exacte à laquelle ils ont reçu cette somme dont parle le gouvernement.
Selon lui, contrairement à ce qu'affirme le ministère de l'Intérieur, «l’argent que nous avons reçu date en réalité de 2013. Et le projet s’intitulait "Dokh ak sa gokh" ("Accompagner sa localité", Ndlr), qui a été lancé à Linguère avec le maire Aly Ngouille Ndiaye, devenu aujourd'hui le ministre de l’Intérieur de Macky Sall.
Par conséquent, pour Fadel Barro, Aly Ngouille Ndiaye en a lui-même bénéficié, précisément par le biais de Y’en A Marre qu'il accuse aujourd'hui de malversations... En lançant de telles accusations sur le mouvement, le ministre sénégalais de l'Intérieur serait-il en train de se tirer une balle dans le pied?