Deux semaines après un troupeau de moutons qui ont été décimés par deux pit-bulls, c’est aujourd'hui au tour d'un jeune homme, Boubacar Baldé, élève d’une école coranique, ceux que l'on appelle communément des "talibé" en wolof (de l'arabe talib , soit étudiant), d'être victime d’un de ces molosses. Celui-ci l’a littéralement défiguré et lui a dévoré une partie de son mollet.
Amoché par l'animal, le jeune garçon a été sauvé par ses voisins qui sont vite intervenus, avant de l’évacuer à l’Institut Pasteur de Dakar pour une prise en charge et des soins médicaux.
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Les faits se sont déroulés dans la banlieue de Dakar, dans la journée du dimanche 12 mai 2019. Le jeune talibé avait quitté le quartier Djida Thiaroye Kao pour se rendre à Pikine, tôt dans la matinée, à une heure où la quasi-totalité des habitants du quartier dorment encore.
Boubacar Baldé et ses camarades font en effet du porte-à-porte pour trouver une partie de l’argent qu’ils doivent quotidiennement verser à leur maître, Hamidou Baldé.
Ce dimanche-là, le jeune homme a malheureusement franchi la porte d'une maison qu'il n'aurait pas dû franchir: dans la cour du domicile dans lequel il venait de s’introduire, un pit-bull montait la garde.
Quand Boubacar est entré, le chien réussit à quitter son piquet d'attache et s'est jeté sur lui. Réveillé par les cris de détresse du jeune garçon, le propriétaire du chien n'est pas parvenu à le maîtriser. Ce n'est qu'après l'arrivée des voisins que l'enfant a pu être sauvé.
Les sapeurs-pompiers vite arrivés sur les lieux ont, après les premiers secours, acheminé le talibé à l’Institut Pasteur de Dakar.
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Arrêté chez lui par les éléments de la police, S.D. le propriétaire du pit-bull, a affirmé que le chien lui servait de gardien.
Agé de 38 ans, ce père de famille, qui élève par ailleurs des moutons, et qui possède en outre une meute de chiens a, en plus de ce pit-bull, un Rottweiler, une berger allemand et un autre pit-bull.
L'homme a été maintenu en garde à vue dans un commissariat de Dakar avant d’être présenté au juge.
Silence coupable de l’Etat
Ce terrible accident remet au goût du jour la question de l’interdiction des pitt-bulls, connus pour être potentiellement extrêmement dangereux. Beaucoup de pays, à défaut de pénaliser les accidents causés par ce type d'animaux, les ont d'ores et déjà bannis.
Le Sénégal, de son côté, tarde à faire voter une loi interdisant la domestication de ces bêtes, causes d'accidents et de drames dans le pays.
Des pit-bulls ont ainsi, il y a quelques semaines, attaqué une bergerie, décimant tout un troupeau de Ladoume, une race de moutons très prisée au Sénégal, dont certains spécimens peuvent valoir l'équivalent de plus de 3000 euros.
Il y a quelques années, l'opinion publique sénégalaise s'était émue du cas de Dieynaba Sagna, une employée de maison du quartier du Sacré-Cœur, qui avait failli perdre la vie après avoir été attaquée par le pit-bull de son employeur. Cette femme avait, elle aussi, été sauvée de justesse par des maçons qui travaillaient dans ce quartier.