Sénégal. Education: les enseignants boycottent la rentrée scolaire

Les enseignants réclament l'application d'un accord conclu en 2014 avec l'Etat du Sénégal.

Les enseignants réclament l'application d'un accord conclu en 2014 avec l'Etat du Sénégal. . DR

Le 03/10/2019 à 15h33, mis à jour le 04/10/2019 à 15h04

Les élèves, qui ont repris le chemin des classes, ce jeudi, après 3 mois de vacances, ont dû composer seuls sans leurs maîtres qui ont décidé de boycotter la rentrée. Ils dénoncent le faible niveau d’application des points de leur protocole d’accord du 17 février 2014.

Les enseignants à qui le président Macky Sall avait promis des négociations sincères et l’application de leurs revendications après l’élection présidentielle de février dernier, ont décidé de ne plus attendre. 

Regroupés au sein du G20, qui est une unité syndicale rassemblant au total 26 syndicats sur les 35 que compte le pays, ces enseignants ont désavoué le ministre d’Etat Cheikh Kanté, comme médiateur de la crise scolaire. 

Il est "hors-jeu", affirme Dame Mbodj, le secrétaire général du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire (CUSEMS). 

L’ancien directeur général du Port, à qui Macky Sall a confié le suivi du dialogue avec les enseignants, ne maîtrise aucune question de l’éducation et ignore la réalité de l'enseignement. 

Selon Dame Mbodj, "le président ne devrait pas le placer à la tête du monitoring (de la mise en oeuvre des accords de 2014, ndlr)". 

Les 26 syndicats dénoncent également le non-respect des engagements du protocole d’accord du 17 février 2014 signé avec l’Etat. Ils exigent un dialogue inclusif sur les problèmes qui bloquent le secteur éducatif. 

En attendant d’avoir une oreille attentive des autorités, les syndicalistes ont déposé "un préavis de grève pour montrer les limites du ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla" qui, selon eux, "devra endosser les conséquences de ce boycott de la rentrée scolaire". 

Si le boycott de la rentrée est un fait inédit dans l’enseignement au Sénégal, les grèves sont en revanche monnaie courante et ont contribué à faire baisser fortement le niveau des élèves. 

Depuis plusieurs années, les résultats aux différents examens scolaires ne cessent de dégringoler: d'un taux de réussite de 40% au bac il y a quelques années, la moyenne nationale n’était que de 37,65% en 2019. Encore, c’est grâce aux bons résultats des écoles privées que cette moyenne a été boostée.

D’année en année, l’école sénégalaise, secouée par des grèves d’enseignants (plus que d’élèves), atteint difficilement son quantum horaire. 

Si les autorités ont réussi jusque-là à sauver l’école d’une année blanche, il leur sera très difficile d’y arriver pour l'année académique qui s'ouvre. 

Par Mamadou Awa Ndiaye (Dakar, correspondance)
Le 03/10/2019 à 15h33, mis à jour le 04/10/2019 à 15h04