Alors qu'elles cherchaient à expulser l'activiste panafricain, Kémi Séba, vers la France, les autorités sénégalaises se sont vu opposer une fin de non-recevoir par le commandant de bord du vol qui devait s'en charger et qui a évoqué des risques de trouble à l'intérieur de son avion.
Par conséquent, il a décliné la demande qui lui a été adressée de le reconduire en France. Il faut dire qu'en tant que citoyen béninois et français, Kémi Séba n'a pas l'obligation d'avoir un visa, et ce, quel que soit le passeport qu'il présente à son arrivée à Dakar. La compagnie qui l'a amené à Dakar n'a donc pas l'obligation de le transporter vers son lieu d'expulsion.
Tout porte donc à croire qu'il ne s'agit pas de problème de sécurité mais plutôt d'achat du titre de transport dont l'Etat du Sénégal devait s'acquitter. Or, connaissant la rigidité bureacratique, il est probable que les autorités sénégalaises aient tardé à acheter le billet d'avion en question.
C'est donc un sérieux camouflet pour les autorités sénégalaises, et un nouveau coup de communication pour l'activiste.
Pour mieux comprendre, il faut remonter à 2017. Un ordre d’expulsion a été émis à cette date. Visiblement, l'arrêt est toujours en vigueur, puisque Kémi Seba a été cueilli dès sa descente d’avion à l’AIBD et gardé en zone de transit.
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Ardent défenseur de la cause panafricaine, l’activiste d’origine béninoise avait brûlé publiquement un billet de 5000 Fcfa pour marquer son opposition à l’utilisation de cette monnaie qualifiée de coloniale. Un acte dénoncé par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest qui s’était constituée partie civile.
Le 25 août de la même année, l’activiste fut arrêté pour destruction de devise ayant cours légal. Relaxé par la suite, Kemi Seba est expulsé par les autorités du pays. 3 ans après, soit le 24 février 2020, doit se tenir un procès en appel, ce qui justifie la présence de l’activiste. Mais craignant un trouble à l’ordre public, les autorités sénégalaises ont décidé de ne pas le laisser assister à son propre procès. L’activiste qui aurait refusé d’embarquer dans un avion à destination de Bruxelles serait dans de difficiles conditions selon ses camarades du mouvement Y’en a marre, qui déclarent qu’il est interdit de toute communication, et c’est à peine s’il s’alimente.
Estimant injuste ce que subit le leader d'Urgence panafricaniste, ses camarades appellent les autorités étatiques du Sénégal «à cesser cet acharnement injustifié sur le citoyen africain Kemi Séba». Selon ses camarades de lutte, «tous ces actes qui n'honorent point le Sénégal, constituent une violation des libertés, notamment de libre circulation pour le citoyen béninois de la Cedeao qu’il est».